A VOUS LA PAROLE. L'incendie de la tour Grenfell à Londres choque et provoque de nombreuses réactions et interrogations de nos lecteurs acteurs du bâtiment. Tour d'horizon.

Suite à l'incendie dans une tour de Londres, vous êtes nombreux à réagir. Réglementation incendie, matériaux, tests incendie… des sujets qui vous interpellent. Bien que l'on ne connaisse pas encore les causes officielles de l'incendie de la Tour Grenfell et de sa rapide propagation, les premières hypothèses émises sur la typologie du bâtiment et les conditions de sa rénovation vous font réagir. Plusieurs d'entre vous ne s'étonnent pas de l'étendue de la catastrophe. Certains n'hésitent pas à mettre en cause les matériaux présents dans l'ITE et émettent des hypothèses : "Si l'isolant était du polystyrène, que les matériaux de parement étaient des clins en bois (même traités, ils peuvent très vite brûler ou se consumer en température élevée prolongée), que l'ossature était en chevrons de pin, et que la lame d'air (ventilation de haut en bas ) était d'une épaisseur de 20 ou 30 mm, nous avons là un mélange détonnant…", explique Patrick Ribaut.

 

 

Mises en doute des essais

 

Olivier Delalande ,un autre internaute coordinateur SPS, ajoute qu'à chaque fois qu'il doit s'occuper "de l'isolation d'une façade en polystyrène" il demande "la preuve que cette façade ne puisse pas s'enflammer". "Inutile de vous dire que je n'ai jamais eu cette preuve", regrette-t-il estimant que "tout le monde s'abrite derrière des arguties plus ou moins bidon". Plus fataliste, Bernard Fortier écrit "pas besoin des ITE pour savoir que le polystyrène s'enflamme comme une traînée de poudre".

 

Dans nos précédents articles nous avons évoqué la différence de réglementation entre la France et l'Angleterre. Les experts que nous avons interrogés nous ont alors précisé que chez nous elle était très stricte et donnait lieu à des guides par filière régulièrement mis à jour. Pour autant, Maoui Rabah note que "le polystyrène expansé et la mousse polyuréthane ont la même formule à Londres ou Paris".

 

Certains de nos lecteurs mettent en cause les essais des laboratoires allant jusqu'à proposer des essais grandeur nature notamment en utilisant les tours et immeubles qui sont dynamités. Selon Maoui Rabah, cela permettrait aux pompiers "de les exploiter pour de vrais champs d'entraînement, aux vrais chercheurs universitaires de faire des études multiples et de progresser vraiment dans la recherche de l'amélioration des conditions de sécurité".

 

IGH et risque incendie

 

 

Au-delà de la réglementation, Jean-François Dumontant considère que "l'approche de la conception des constructions en France […] est trop cartésienne et pas assez systémique". Il estime que l'on "oublie souvent l'interaction dynamique entre les éléments constructifs" et préconise de "ne plus raisonner corps d'état par corps d'état". Enfin, Bruno Scheffler écrit : "ça nous arrivera un jour". Il s'explique : "je suis bien placé pour le savoir, j'essaie de vendre des solutions de calfeutrement intumescente, dans 8 cas sur 10 on s'abrite derrière des réglementations obsolètes de 1980, on confond tout, la résistance au feu, le degré par feu, le degré coupe-feu, tout est dans le même sac, pourvu que cela ne coûte rien... ou un sac de plâtre à la limite". Et il tient également à préciser : "notre filiale anglaise vend 3 fois plus de produits coupe-feu que la filiale française, je crois qu'on n'a pas de leçon à donner…"

 

Enfin, alors que certains pointent du doigt des matériaux spécifiques ou la réglementation, Laurent Truchon considère que la question va au-delà et concerne la "dangerosité des IGH eu regard des risques incendie". Selon lui : "Quel que soit le ou les matériaux utilisés, le risque est, de [son] point de vue, très important pour la sécurité des usagers dans ce type d'ouvrage".

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