Après l'effondrement d'une partie du Terminal 2E de l'aéroport de Roissy, les assureurs ne parviennent toujours pas à évaluer le coût probable du sinistre. Il pourrait toutefois atteindre des sommets si le bâtiment devait être reconstruit en totalité.

"La cause du sinistre sera déterminante surtout s'il faut reconstruire la totalité du terminal. Le délai de réouverture de l'aérogare aura une incidence directe sur le niveau des dommages immatériels (pertes d'exploitation, de loyers, ndlr)", explique un assureur à l'AFP.
"Mais l'impact sera modeste sur les assureurs car ils sont largement réassurés", ajoute-t-il.

Une enquête judiciaire et une commission administrative d'enquête ont été lancées pour faire la lumière sur cet accident qui a fait quatre morts et trois blessés. Le ministre des Transports Gilles de Robien attend un rapport d'étape de la commission administrative "dès le mois de juin".
Ces expertises doivent permettre d'identifier le (ou les) responsable de l'accident. Les personnes et entreprises affectées par l'effondrement du terminal 2E pourront alors se retourner vers lui pour être dédommagés.

Outre le bâtiment lui-même, les assureurs devront indemniser les victimes et leurs ayants droit, les pertes d'exploitation notamment des boutiques installées dans le terminal ainsi que d'autres préjudices comme les pertes de loyer."Le champ des recours en responsabilité est restreint pour ADP (Aéroports de Paris, ndlr) car il est à la fois maître d'ouvrage et maître d'oeuvre, et l'architecte du terminal était un de ses salariés", souligne l'assureur.
Au total, 400 entreprises sont intervenues sur le chantier qui a coûté 750 millions d'euros.

Plusieurs types de polices souscrites par ADP sont susceptibles d'être activées. A commencer par la garantie construction -police unique chantier (PUC)- qui couvre la société et l'ensemble des entreprises ayant pris part à la construction. Elle a été placée par le courtier Gras Savoye.

Axa Corporate Solutions, filiale du groupe Axa, est l'apériteur (chef de file) de cette couverture avec 60% du risque, à côté de Groupama-Gan qui fournit le solde. Les deux assureurs ont ensuite fait appel au marché de la réassurance: Swiss Re (35%), Munich Re (30%), Scor (20%), General Re (10%), détaille un proche du dossier.

Axa estime que son exposition "ne devrait pas dépasser 10 millions d'euros" et Groupama indique ne pas disposer d'évaluation à ce stade. Scor, réassureur de certains assureurs d'ADP et de constructeurs du terminal, n'attend "pas d'impact significatif" sur son résultat net, selon une porte-parole.

ADP dispose également d'une couverture de dommages aux biens, placée par le courtier Marsh auprès de plusieurs compagnies dont AIG France qui est apériteur avec 57% des risques. Generali et Gan figurent parmi les co-assureurs de cette garantie.

Cette garantie exclut les risques liés à la construction et ne prévoit pas d'indemnisation des pertes d'exploitation. Elle ne sera déclenchée que si le sinistre a pour origine un incendie, une explosion, un dégât des eaux, un dommage électrique, etc. Le contrat prévoit la possibilité d'une extension à une couverture tous risques qui est plafonnée à 10 M EUR.

Côté ADP, on se veut rassurant: "Nous sommes correctement assurés et tout fonctionnera bien".
Le terminal 2E était principalement utilisé par Air France qui a redéployé ses vols sur les autres terminaux de l'aéroport. Le président d'Air France Jean-Cyril Spinetta a déclaré mercredi sur Europe 1: "On aura certainement des coûts supplémentaires, mais limités et raisonnables".

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