Depuis la chute du mur de Berlin, les huit pays d'Europe centrale, qui vont rejoindre l'UE en 2004, ont connu une explosion des transports. A l'exception de la Slovénie, les infrastructures n'ont pas suivi.

Les routes de Pologne figurent par parmi les plus meurtrières d'Europe. Selon les statistiques de la police, 12% des accidents de la route sont mortels, contre 2% en Allemagne, 5% en République tchèque, 6% en Espagne, ou 7% en Hongrie.

La Pologne, un pays de 39 millions d'habitants et de 312.683 km², est le pays le plus grand et le plus peuplé des dix pays qui doivent intégrer l'Union européenne en 2004. Ce pays ne compte que 398 kilomètres d'autoroutes, et sur les 360.000 kilomètres de route, 1% à peine répondent aux standards européens de résistance. Les camions y creusent des sillons sur l'asphalte, qu fond au soleil d'été.

" En 1989, la Pologne comptait seulement quelques transporteurs routiers, soit un millier de camions. Il y a aujourd'hui 16.000 sociétés de transports ", souligne Stefan Zuk, propriétaire d'un cabinet de conseil. Le pays est devenu un pays de transit incontournable entre l'Est et l'Ouest.

La Pologne espère beaucoup de l'UE pour avoir des routes convenables. Un projets gouvernemental de 36,8 milliards de zlotys, soit 9,2 milliards d'euros, prévoit d'accélérer d'ici 2005 le développement du réseau : 550km d'autoroutes, 200 km de voies rapides et 47 périphériques. Varsovie espère obtenir 2,75 milliards d'euros de crédits et prêts, notamment des Banques Mondiale et Européenne, et 1,5 milliards d'euros de l'UE.

En Hongrie, c'est le même problème. Le contournement de Budapest est quasiment impossible, une route à deux voies, construite dans les années 90, ne représente qu'un quart du projet et les habitants de la capitale se révoltent contre le trafic de poids lourds. Dans ce pays de transit, sur les 30.000km de routes, seule la moitié est asphaltée et la capitale elle-même compte encore 1.000 km de chemin de terre.

En Slovaquie, les transports sont si déficients que les investisseurs refusent d'implanter leurs usines loin de Bratislava. De son côté, la République tchèque veut doubler son réseau d'autoroutes, qui totalise 500km, pour faire face à l'explosion du trafic Est-Ouest. Mais comme en Hongrie, les gros contrats d'infrastructure prêtent le flanc aux soupçons.

Le nouveau gouvernement de Vladimir Spidla a remis en cause le contrat attribué pour relier le centre du pays à la région industrielle et minière d'Ostrava, près de la Pologne, soupçonnant une affaire de corruption.

Les chemins de fer eux-aussi ont mal résisté à l'explosion du trafic. Malgré les subventions étatiques pour les maintenir à flots, leur endettement va croissant et leur stock se détériore. Ainsi, la Pologne comptait dans les années 80 un réseau de plus de 29.000 km de voies ferrées. Il n'en reste que 23.500, dont seuls 1.500 répondent aux exigences de sécurité européennes.

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