A l'issue de cette conférence sociale, Patrick Liébus, vice-président de l'UPA et président de la CAPEB, est revenu pour Batiactu sur les grandes annonces du Premier ministre. Interview.

Batiactu : Que vous a inspiré la méthode de cette conférence ?
Patrick Liébus :
«Il était nécessaire d'avoir cette conférence sociale historique, j'ai donc pu apprécier cette méthode au nom de l'UPA. En prélude, le discours du chef de l'Etat a été une vraie reconnaissance à l'égard des partenaires sociaux. Elle est bonne car nous étions sur une discussion d'objectifs avec un schéma beaucoup plus large. Il est important de penser aux entreprises qui génèrent de l'emploi et qui peuvent le maintenir. En revanche, je suis intervenu à deux reprises en fin de conclusion auprès du ministre du Travail pour lui rappeler qu'il fallait tempérer sur certaines décisions. Si le Gouvernement souhaite aller dans un sens défavorable, l'UPA se mettra très vite en position de retrait. La vigilance n'empêche pas la confiance à l égard du Gouvernement. Par la suite, la conférence sociale devrait nourrir des prochains groupes de travail dans le but d'aller vers la prospective.»

 

Batiactu : Que retenez-vous de la première table ronde dédiée à l'emploi ?
Patrick Liébus :
«Au cours de celle-ci, nous avons tout d'abord abordé la question du chômage surtout à travers l'angle de l'orientation des jeunes vers les métiers. Il représente, en effet, chez eux une part très élevée... Ensuite, nous avons balayé tout ce qui concerne l'assurance-chômage et le chômage partiel, par exemple, j'ai rappelé ainsi, ce mardi matin au nom de l'UPA, que le chômage partiel n'était pas l'affaire des grandes entreprises : il fallait une adaptation du chômage partiel également chez les PME. L'important ? C'est un reversement très rapide de la part de l'organisme chargé du chômage partiel vers les entreprises.

 

Par ailleurs, sur les contrats de génération, j'ai expliqué tout l'intérêt de ce contrat à condition qu'il soit adapté à la réalité de la petite entreprise. Certes, il peut y avoir des obstacles, mais nous sommes prêts à accompagner ce contrat.

 

Et lorsque le ministre du Travail nous a parlé de remise à plat des charges des exonérations sociales, nous lui avons bien fait comprendre que nous ne voulions pas de remise à plat concernant les exonérations des charges sociales, on parlera nous de bilan concernant la baisse des charges sociales dans l'entreprise. Par ailleurs, à mon avis, il faut repenser le système du Pôle Emploi et penser à la petite entreprise. Ce n'est pas une question de moyens mais il faut penser 'petit' d'abord.

 

Batiactu : Est-ce que le secteur du bâtiment a été évoqué au cœur des longues discussions ?
Patrick Liébus :
«Nous avons pu observer que le bâtiment a été cité plusieurs fois, par exemple, par Ségolène Royal au titre des Régions, comme un vecteur créateur d'emplois. Ce matin à la conférence, j'ai pu aussi citer des chiffres révélateurs de la conjoncture dans notre secteur : 50.000 jeunes sortent chaque année de l'apprentissage et tous les ans nous en avons besoin de 90.000 et dans une période favorable nous parvenons à générer 130.000 emplois… Il y a bien un problème, comment fait-on pour orienter ces jeunes vers nos métiers ? Alors, je pense que ce sur ce genre d'échanges à ce sujet, nous allons être entendus. Par ailleurs, j'ai rappelé à la table-ronde qu'il fallait arrêter de dire que le métier du bâtiment n'est pas propre, paye mal. Ce sont des images d'Epinal qui sont aujourd'hui dépassées. Aujourd'hui, même dans une période difficile, il faut toujours regarder ce qu'il y a au-dessus des nuages. Et soyons sur l'attaque et répondons à la question suivante : comment peut-on faire pour sortir de cette situation ?»

 

Batiactu : Et pourquoi la question du redressement productif a-t-elle fait l'objet de tiraillements ?
Patrick Liébus :
«Effectivement, il y a eu des orientations qui ont été prises trop rapidement au cours de cette table ronde. Et une fois de plus, j'ai pu rappeler à Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif une chose essentielle : Ne pas mettre à l'écart les PME et d'aller jusqu'au bout des programmes à l'image du Grenelle de l'Environnement dans le secteur du bâtiment.»

Propos recueillis par Sébastien Chabas

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