HABITAT INDIGNE. Dans son rapport annuel dévoilé le 21 novembre 2019, le Haut comité pour le logement des personnes défavorisées (HCLPD) s'est concentré sur la gestion marseillaise de la crise de l'habitat indigne, avant et après la rue d'Aubagne. L'instance rattachée à Matignon appelle notamment "à sortir Marseille de la zone de non-droit".

Comme chaque année, le Haut comité pour le logement des personnes défavorisées (HCLPD) présente son rapport annuel, qui s'est, cette fois-ci, concentré sur le fléau de l'habitat indigne à Marseille. Après six mois de travaux menés dans la cité phocéenne, l'instance, créée sous l'impulsion de l'Abbé Pierre et rattachée au Premier ministre, blâme autant la municipalité dirigée par Jean-Claude Gaudin que l'Etat.

 

Selon sa présidente, l'ancienne ministre Marie-Arlette Carlotti (également conseillère municipale d'opposition à la ville de Marseille), "les effondrements de la rue d'Aubagne ne relèvent pas de faits divers accidentels et imprévisibles", mais "d'une continuité de défaillances systémiques des dispositifs et des acteurs publics".

 

Sur la chaîne de dysfonctionnements, le rapport cible autant la ville de Marseille que l'Etat, à travers la préfecture des Bouches-du-Rhône. Avant le drame de la rue d'Aubagne qui a fait huit morts, le HCLPD a chiffré à "1.400" , le nombre de signalements figurant dans la liste d'attente. Alors qu'il aurait pu se substituer à la commune, le Préfet "n'a jamais employé" ce pouvoir, déplore le rapport.

 

Une inaction qui se lit également dans la méconnaissance du fléau par les services publics, qu'ils soient décentralisés ou déconcentrés. En préambule de son analyse, le HCLPD relève le "manque d'accessibilité des données" auquel il a dû faire face, s'appuyant, à défaut, sur des données de chercheurs. Un mélange entre refus de transmettre des données, et lacunes sur leur interprétation, nous dit-on au Haut comité.

 

Mais dans ce diagnostic réalisé sur la ville de Marseille, l'habitat indigne, malgré son ampleur, n'est qu'un symptôme d'une crise du logement plus profonde, que le HCLPD assimile désormais à "une crise humanitaire". Une situation qui s'appuie sur une production de logements sociaux encore trop faible, qui se répercute sur le nombre d'attributions (un déficit de 2.500 par an), ainsi qu'un "droit au logement opposable entravé".

 

Parmi ses préconisations, le rapport appelle à rattraper ces retards d'une part, et, d'autre part, à envisager l'avenir du centre-ville de Marseille pour qu'il demeure mixte et abordable. En rehaussant notamment les quotas SRU pour les logements très sociaux (PLAI) à 50% "dans les quartiers centraux" et 30% sur une échelle plus globale. Pour éviter une situation de "gentrification" à l'issue de la réhabilitation du centre-ville marseillais, les opérations de préemption ou d'acquisition devront être fléchées vers du logement locatif social, propose le HCLPD.

actionclactionfp