Le marché européen de l'e-construction est en pleine restructuration. Après la liquidation de B2build, la plate-forme américano-belge Bricsnet vient annoncer le rachat-fusion de Constructeo, la start-up de Vinci.

Fini le temps des pionniers de l'e-construction, c'est l'heure de faire les comptes. A l'image de B2buid qui a été contraint de jeter l'éponge faute de soutien financier, les actionnaires s'impatientent. Fermer les sites trop coûteux et insuffisamment rentables, continuer à investir ou se regrouper pour tenter de survivre... les investisseurs du monde de l'e-construction n'ont guère le choix car il faut reconnaître que les résultats promis n'ont pas été au rendez-vous.

Pour Bricsnet.com, à la recherche de cash comme la plupart des acteurs de l'e-construction, la solution a été la fusion avec Constructeo.com, le bras armé de Vinci sur Internet. D'un point de vue financier, la plate-forme américano-belge a signé une lettre d'intention pour l'acquisition de Constructeo à travers l'échange de la totalité des actions de la start-up de Vinci contre de nouvelles actions Bricsnet. Cette dernière pourra également lever 10 millions d'euros sous forme de titres et d'obligations convertibles auprès de Vinci et d'un groupe d'investisseurs . La transaction devrait être finalisée d'ici à la fin juillet.

Après cette opération, Vinci va vraisemblablement devenir le premier actionnaire du nouvel ensemble qui devrait continuer à s'appeler Bricsnet, en raison d'une bonne notoriété de la marque en Europe. A partir de là, plusieurs interrogations subsistent : que la devenir la marque Constructeo et quid de l'indépendance de la plate-forme ? Peut-on imaginer que des sociétés concurrentes comme Vinci et Bouygues Construction (qui a opté pour la solution Bricsnet) puissent cohabiter sur la même plate-forme de gestion de projet.

Du point de vue technologique, le rapprochement entre Constructeo et Bricsnet semble plus cohérent. Depuis plusieurs mois, Bricsnet avait recentré son activité autour de la gestion de patrimoine immobilier en ligne en rachetant la technologie Viscomm, délaissant quelque peu la gestion de chantier jugée moins rentable immédiatement en raison du manque d'intérêt des professionnels du BTP pour ce type d'activité. Pour les responsables de Bricsnet, outre l'arrivée de cash avec le soutien financier de Vinci, la fusion avec Constructeo, va contribuer à combler rapidement ce déficit. En effet, la start-up de Vinci dispose de plusieurs atouts de taille pour se positionner sur un marché européen en pleine construction : un potentiel de chantier important avec notamment ceux du groupe Vinci, la technologie de Coteba qui a fait ses preuves sur de nombreux chantiers et une équipe dirigeante structurée. D'ailleurs, sous la houlette de Bertrand Dumazy - l'actuel président de Constructeo et futur membre du comité de direction de Briscnet - l'équipe française sera chargée de piloter le nouvel ensemble pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique.

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