Avec l'élection de Bernard Laporte, à la présidence de la Fédération française de rugby (FFR) ce samedi, le projet de Grand Stade imaginé à Ris-Orangis (Essonne) est en péril. Désormais, des questions se posent : que va-t-il devenir ? Quelles seraient les conséquences d'un arrêt du projet ? Les conditions de dédit peuvent-elles être engagées ?

Un grand stade de rugby sur l'hippodrome de Ris-Orangis-Bondoufle (Essonne), une histoire ancienne ? Cette infrastructure sportive imaginée par le groupement Populous-Ateliers 2/3/4 dont le contrat de Conception - Promotion - Construction - Maintenance du Grand Stade de Rugby, a été finalisé avec l'équipe Icade-Besix-Cofely et Engie, est désormais en péril.

 

Ce samedi 3 décembre 2016, près de 1.563 clubs ont voté pour Bernard Laporte (52,6 % des voix)afin d'élire président de la Fédération française de rugby (FFR). L'ex secrétaire d'Etat aux Sports de 2007 à 2009 sous le Gouvernement Fillon avait axé une partie de sa campagne sur son opposition au futur Grand Stade que Pierre Camou, président sortant qu'il a battu samedi, souhaitait construire à l'horizon 2021 à Ris-Orangis (Essonne).

 

"On attend de connaître les conditions de dédit, on est loin de tout savoir"

 

"Des contrats ont été signés, donc il ne s'agit évidemment pas de faire n'importe quoi, mais nous allons mettre en place très rapidement les conditions qui doivent mener à l'arrêt du projet Grand Stade", a déclaré Serge Simon, le directeur de campagne du candidat au cours d'une conférence de presse avec Bernard Laporte.

 

"Toutefois, on attend de connaître les conditions de dédit, nous a signalé aussi ce samedi Henri Mondino, membre du nouveau comité directeur, fin connaisseur du dossier. On est loin d'avoir toutes les informations mais c'est une promesse de campagne et elle sera tenue."

 

Avant de déplorer : "Nous allons découvrir le dossier et les contrats dès ce lundi 5 décembre 2016. On a eu peu de réponses. On ne sait pas jusqu'à quel point la Fédération s'est engagée."

 

Rappelons que le contrat de Conception - Promotion - Construction - Maintenance du Grand Stade de Rugby d'un coût de 581 millions d'euros avait été finalisé avec l'équipe Icade-Besix-Cofely et Engie, le 24 juin 2016, en présence du Premier ministre. Ce dernier avait d'ailleurs signé le même jour le premier CIN (contrat d'intérêt national), outil de gouvernance proposé par le PDG de Grand Paris Aménagement Thierry Lajoie. Sont signataires du contrat : l'État, les nouvelles communautés d'agglomération "Grand Paris Sud" et "Cœur d'Essonne" (530.000 habitants à elles deux), et les conseils départementaux de l'Essonne et de Seine-et-Marne. Et un récent appel à manifestation d'intérêt (AMI), lancé en octobre 2016, par les quatre maîtres d'ouvrages concernés.

 

N'oublions pas non plus que le permis de construire devait être déposé le 3 décembre 2016. "Malgré la complexité du processus du permis de construire, les documents des permis et des autorisations administratives ont été transmis à la FFR avant son élection ", nous a confié Ben Vickery, architecte et associé du cabinet Populous, le 21 octobre 2016.

 

En parallèle des instructions des permis et des autorisations administratives, prévues l'année prochaine, le démarrage du chantier - études et exécution - devait démarrer début février 2018 pour une durée de 43 mois. De plus, en termes de transports, le Syndicat des Transports d'Ile-de-France (STIF) achève la troisième phase de son étude. C'est pourquoi tout portait à croire que ce projet sud francilien était sur les bons rails…

 

Désormais, plusieurs questions se posent : qui va payer les contrats signés avec les groupements constructeurs ? Une étape juridique peut-elle être engagée ? Les collectivités ou l'Etat peuvent-elles prendre le relais ? "Ne pas construire le stade ? C'est une hypothèse que nous n'envisageons pas, avait, en octobre 2016, confié à Batiactu Stéphane Raffalli, maire de Ris-Orangis. Ajoutant que "l'on peut réfléchir à ce projet sans penser au stade uniquement..."

 

Les porteurs du projet du Grand Stade de Rugby réagissent


Interrogé ce lundi par Batiactu, Stéphane Raffalli, maire PS de Ris-Orangis et vice-président de l'agglomération Grand Paris Sud - Seine Essonne Sénart, reste optimiste : "Je ne veux pas entendre parler du coût lié à la résiliation des contrats car le Grand Stade a déjà une histoire bien ancrée dans le territoire. Et je ne veux surtout pas avoir ce lundi 5 décembre 2016, un raisonnement conflictuel sur le plan juridique et financier. La mairie de Ris-Orangis, le Département de l'Essonne et l'agglomération Grand Paris Sud vont solliciter par courrier, dès ce lundi, le président de la Fédération française de rugby (FFR) pour pouvoir rencontrer son équipe très rapidement dans l'optique de le convaincre. Nous dialoguions jusqu'à présent avec la fédération. Et notre objectif est de poursuivre ce travail. Nous allons convaincre la FFR. A noter que le dossier du permis de construire était prêt à instruction vendredi 3 décembre 2016. J'ai même rencontré mes équipes pour m'assurer que tout était finalisé."

 

"Notre objectif est de poursuivre ce travail, nous allons convaincre la FFR", Stéphane Raffalli, maire PS de Ris-Orangis et vice-président de l'agglomération Grand Paris Sud

 

Avant de confier : "Je trouve que les propos du nouveau président de la FFR ont été trop souvent caricaturés. Je l'ai vu exprimer parfois l'idée selon laquelle le principe était une bonne idée. Il n'a pas remis en cause les fondements du projet porté à l'origine par Pierre Camou. De plus, je comprends qu'il puisse avoir un doute sur le dossier dans son entièreté, puisqu'il ne le connaît pas. Nous allons lui faire découvrir et lui laisser le temps de l'appréhender."

 

Et de conclure : "Nos arguments sont simples : c'est l'intérêt du rugby d'avoir un jardin et de pouvoir redynamiser le sud francilien à travers un stade, des centres commerciaux et du logement."

 


De son côté, l'agence d'architecture, atelier 2/3/4 basé à Paris et associé au cabinet londonien Populous, contacté par Batiactu, répond qu'"il n'y a rien d'acté à ce jour par le maître d'ouvrage pour pouvoir s'exprimer." Même son de cloche pour les équipes de Populous contactées ce lundi soir.

 

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