Le ministre du Logement Gilles de Robien a partagé mercredi le constat de la Fondation Abbé Pierre sur la gravité de la crise du logement en France, qu'il a qualifiée de "durable", mais en faisant valoir l'augmentation du nombre de logements construits l'an dernier.

"L'Abbé Pierre a raison de tirer la sonnette d'alarme. Après des années d'insouciance, la France connaît une situation de très grande crise du logement, et surtout durable", a déclaré M. Robien, lors d'une conférence de presse de présentation des chiffres de construction de logements en 2003.Le même jour, la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés (FAP) a publié un rapport alarmiste, dénonçant notamment la pénurie des logements sociaux, la flambée des loyers et la difficulté d'un nombre croissant de Français pour se loger dignement.
Le Conseil économique et social avait dressé le 12 janvier un constat similaire.

"Pour répondre à la crise, il faut augmenter l'offre nouvelle de logements", a martelé M. Robien, en assurant que le gouvernement Raffarin avait contribué à créer en 2003 davantage de logements que les années précédentes et en rappelant l'objectif de 80.000 nouveaux logements sociaux en 2004.

Selon le ministère, les autorisations de construire des logements ont progressé de 9% l'an dernier par rapport à 2002 (à près de 379.000, soit le plus haut niveau depuis 10 ans), les mises en chantier de 3,9% (314.000), et le nombre de logements sociaux nouveaux de 3% à 57.996.
"Ces résultats (concernant les logements sociaux) sont supérieurs de 13% à la moyenne des logements financés annuellement entre 1997 et 2001 (51.000)", a commenté M. Robien.

Le ministre a aussi rappelé l'objectif que le gouvernement s'est fixé pour 2004, et que le président de la République Jacques Chirac a rappelé lors de ses voeux le 6 janvier, à savoir la création de 80.000 nouveaux logements sociaux.
Or la Fondation Abbé Pierre a démonté dans son rapport ce chiffre de 80.000.

Selon Patrick Doutreligne, de la FAP, il faut enlever 5.000 logements construits avec le 1% patronal, 12.000 prêts locatifs sociaux aux loyers trop élevés pour une population modeste, ou les 20.000 démolitions de HLM prévues, pour obtenir la création "réelle" de logements sociaux, soit autour de 40.000."C'est une production nette de 80.000 logements sociaux qui est nécessaire (...) Le Conseil économique et social parle d'un besoin de 120.000 nouveaux logements. Nous sommes sur la même ligne", a déclaré à l'AFP M. Doutreligne."On se réjouit" de la déclaration du ministre sur la crise du logement, "parce qu'après la prise de conscience, l'étape suivante est d'y mettre les moyens financiers. C'est en tout cas ce que nous attendons", a-t-il ajouté.

La FAP déplore en effet que le budget du Logement ait fortement baissé.Gilles de Robien a répondu qu'il n'était "pas là pour faire de l'affichage budgétaire" et que le principal levier financier pour construire des logements était la baisse des taux d'intérêt, et notamment la baisse du taux du Livret A, grâce à laquelle les bailleurs sociaux pourront emprunter à moindre coût."La baisse des taux, en équivalent aide à la pierre, représente 500 millions d'euros" par an, a-t-il détaillé, alors que la baisse du budget de son ministère dans ce domaine était de 200 millions d'euros.

M. Robien a rappelé qu'il présenterait en février un projet de loi baptisé "Propriété pour tous", destiné à faciliter l'accession à la propriété, notamment pour que les locataires en HLM puissent acheter leurs logements.

actionclactionfp