Moins de 24 heures après sa nomination et à un mois des législatives, le nouveau ministre de l'Equipement et des Transports Gilles de Robien a annoncé son intention de "tout reprendre à zéro" sur le dossier du troisième aéroport. Serpent de mer de l'aménagement du territoire, ce dossier pourrait à nouveau créer des tensions de part et d'autres de l'échiquier politique.

Telle une "patate chaude", la question d'un troisième aéroport n'en fini pas d'empoisonner les gouvernements successifs. Dernier épisode en date, la volonté de Gilles de Robien de "tout reprendre à zéro", revenant ainsi sur la décision controversée en novembre de Lionel Jospin de créer une plate-forme à Chaulnes (Somme), à 125 km de Paris. "Maintenant, je vais poser la question : faut-il ou faut-il pas un troisième aéroport et s'il le faut, engageons la concertation pour savoir où", a poursuivi le ministre.

M. de Robien, qui - en tant qu'élu local - a manifesté par le passé à de nombreuses reprises son opposition au projet de création d'une plate-forme à Chaulnes, n'a pas exclu que la concertation qu'il souhaite relancer aboutisse à maintenir le projet.
"Je n'ai aucune idée préconçue ni sur la nécessité d'un troisième aéroport, ni sur le choix (éventuel) d'un site", a-t-il martelé jeudi lors d'une conférence de presse.

Par ses déclarations , le ministre relance encore une fois le débat entre les partisans d'une troisième plate-forme aéroportuaire internationale et ceux qui plaident pour le développement des aéroports de province et du TGV afin de désengorger Paris.

Serpent de mer de l'aménagement du territoire, la question pourrait créer des tensions de part et d'autres de l'échiquier politique. A gauche, les Verts, qui avaient contesté la décision de Lionel Jospin en novembre, ont salué jeudi le choix du ministre des Transports. "Pour les Verts, il ne peut y avoir de 3ème aéroport, ni à Chaulnes, ni ailleurs", a déclaré à l'AFP l'ancien candidat des Verts à la présidentielle Noël Mamère.

A droite, M. de Robien assure avoir "exactement les même objectifs" que le nouveau porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, pourtant élu de Seine-et-Marne, où se trouve Roissy.

Quant à l'ancien ministre des Transports Jean-Claude Gayssot, il s'est inquiété vendredi de "la précipitation" de son successeur à remettre en cause le principe d'un 3ème aéroport et réaffirmé la nécessité d'"une troisième plate-forme dans le grand bassin parisien".

Enfin les députés socialistes du Val d'Oise Didier Arnal (circonscription de Sarcelles-Montmorency), Jean-Pierre Blazy (Gonesse) et Dominique Strauss-Kahn (Sarcelles-Garges-les-Gonesse) se sont indignés des déclarations du nouveau ministre. Gilles de Robien, député-maire UDF d'Amiens, a "pris une position d'élu local de la Somme, qui n'est pas celle d'un ministre de la République garant de l'intérêt général, ni celle d'un homme politique soucieux de réhabiliter l"autoruté de l'Etat", estiment les trois députés dans un communiqué.

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