Un colloque intitulé «Pétrole et gaz : une chance pour les pays arabes ?», organisé vendredi à l'Institut du monde arabe à Paris, a révélé que le gaz naturel était appelé à devenir la nouvelle manne des pays arabes au moment où le pic de production de pétrole est déjà atteint dans certains pays de la région.

«Les pays arabes constatent que le gaz a le vent en poupe et que son prix continue de monter. Du coup, ils ont bien l'intention d'utiliser leurs immenses réserves pour faire grandir leur rente gazière», analyse Francis Perrin, directeur de la rédaction de la revue Pétrole et gaz arabes. Ces derniers (treize au Moyen Orient et quatre d'Afrique du nord), possèdent 30% des réserves mondiales de gaz, presque autant que la Russie. Or, seuls six d'entre eux sont aujourd'hui exportateurs, dont l'Algérie et le Qatar qui figurent aux troisième et quatrième rangs mondiaux.

Considéré dans les pays arabes comme moins stratégique que l'or noir, le gaz servait jusqu'ici surtout à la consommation domestique et aux projets industriels nationaux (pétrochimie, aluminium), tandis que le pétrole était quasi-exclusivement destiné à l'exportation. Mais la donne a changé. Alors que le pic mondial de production de pétrole sera atteint vers 2020, de nombreux pays arabes ont déjà atteint leur propre pic, souligne Nicolas Sarkis, directeur du Centre arabe d'études pétrolières.

Dans le même temps, la dépendance gazière de l'Europe et des Etats-Unis continue de croître. L'Europe, aujourd'hui dépendante de l'étranger à 40%, devrait l'être à hauteur de 60% d'ici 2020, rappelle Jean-Marie Dauger, directeur général délégué de Gaz de France.

Selon Nicola Pochettino, analyste à l'Agence internationale de l'énergie (AIE), alors que les exportations de gaz et de pétrole des pays arabes devraient doubler entre 2004 et 2030, à 635 milliards de dollars, la part du gaz devrait elle tripler. Toutefois, les experts soulignent que si les prix du gaz connaissent la même envolée que ceux du pétrole, la demande pourrait fléchir, d'autant que des alternatives au gaz existent pour la production d'électricité, tels le nucléaire et le charbon qui opèrent un retour en force.

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