Accélérer le démarrage de 10.000 projets au niveau des collectivités locales pour stimuler l'activité des travaux publics, et l'emploi en général : tel est l'objectif de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), qui vient de recenser au niveau national tous les projets susceptibles d'être lancés dans les deux années à venir. Le point avec Patrick Bernasconi, président de la FNTP.

Dix mille projets de travaux publics seraient actuellement en attente d'être démarrés. La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) compte bien les «sortir des cartons» afin de maintenir l'activité. Après avoir observé pendant cinq ans le chiffre d'affaires partir à la hausse, le secteur des travaux publics a réalisé, en 2008, un chiffre d'affaires en recul de -4,8% en euros constants. «Nos estimations de volume de travail pour 2009 sont de -6%, voire -15% si le plan de relance ne fonctionne pas», indique Patrick Bernasconi, le président de la fédération. La FNTP veut donc accélérer les projets, et vient pour cela de publier une liste des «10.000 projets pour rebondir face à la crise».

 

Il s'agit précisément de 10.705 projets recensés par les fédérations régionales, pour la plupart des projets d'infrastructures portés par les collectivités locales et qui ont vocation à être lancés en 2009 ou 2010. Si les projets respectent ces délais, la FNTP compte sur un volume d'activité de 19,6 milliards d'euros, soit six mois d'activité. Une manière de «sauvegarder 40.000 emplois directs et indirects» dans le secteur, indique Patrick Bernasconi qui ne veut pas répéter le scénario de 1993, lorsque les travaux publics, au pic de la crise, avaient perdu 20.000 emplois en une seule année.

 

Photographie des projets
Détail intéressant, environ un projet sur deux parmi les 10.705 recensés nécessite un montant inférieur à 240.000 euros. «Cela donne une photographie des projets de travaux publics en France», explique Patrick Bernasconi. Mais c'est aussi la preuve que nombre de ces projets «peuvent être démarrés avec des financements limités», insiste le président de la FNTP. «Ces projets sont de véritables amortisseurs de crise. 90% d'entre eux sont portés par les collectivités, il ne faut pas qu'elles décalent leurs décisions de les lancer à cause de la crise qui joue sur les comportements, ou par crainte d'une perte de leur fiscalité, comme certains messages contradictoires ont pu le laisser penser».

A la rencontre des préfets

La FNTP va maintenant aller frapper aux portes des préfets. «Nous allons leur remettre régionalement la liste des projets recensés, pour montrer l'impact de ces travaux en termes d'emplois», indique Patrick Bernasconi qui aime à rappeler que la FNTP est «une formation dont l'activité se traduit toujours fortement sur l'emploi». Les délégations régionales de la fédération entendent aussi aider les préfets à lever les blocages qui peuvent exister à différents niveaux (problèmes de financement, fouilles archéologiques…).

 

Parmi les projets, l'on peut citer les travaux de VRD et voirie dans un lotissement d'Anetz, en Loire-Atlantique : 65.000 euros, projet prévu pour le deuxième trimestre 2009 ; la construction d'une station d'épuration à Condat, dans le Cantal : 1,5 million d'euros, prévue pour le troisième trimestre 2009. Les 10.705 projets d'ampleurs différentes sont disséminés sur près de 4.500 communes. Selon la FNTP, un quart de ces projets, soit 5 milliards d'euros, doit être réalisé dès le second semestre de cette année afin de faire la jonction avec «les premiers effets du plan de relance».

 


Un livret A pour les travaux publics ?
L'idée existe depuis un moment déjà dans les tiroirs de la FNTP, qui a profité de la présentation de ses «10.000 projets» face à la crise pour la relancer. Le Livret des infrastructures durables (Lid) serait, sur le modèle du Livret A, distribué par les établissements bancaires et défiscalisé sur un plafond de 15.000 euros. Il pourrait «générer 5 milliards d'encours dès la première année et financer 12 milliards d'euros de travaux», auxquels tous les projets d'infrastructures de moins de 10 millions d'euros des collectivités locales seraient éligibles. «Plus que jamais, cela a du sens. Cela permettrait d'apporter une réponse aux banques et de réorienter une épargne dormante vers l'économie», insiste Patrick Bernasconi, selon qui ce produit d'épargne pourrait être mis en place en un trimestre.

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