Réduire l'activité pour sauver son entreprise ? C'est en quelque sorte ce que préconise Patrick Bernasconi, le Président de la Fédération des Travaux Publics. Faisant part de son inquiétude et des ses incertitudes pour les années à venir, il a ainsi appelé les Pouvoirs publics à plus de transparence sur les projets annoncés afin que les entreprises soient en mesure de faire des choix ad hoc. Détails.

Plutôt pessimiste le Président Bernasconi mardi matin, lors de la présentation de son bilan à mi-2010. En chiffre, cela donne une prévision de chiffre d'affaires pour 2010 en recul de 3%, soit une baisse de -15% qui se sera opérée sur trois ans (2008-2010).

 

Ainsi, Patrick Bernasconi a rappelé que le début de l'année avait été marqué par, d'une part, un hiver rude qui a engendré un nombre record d'heures chômées (supérieur de 70% à la moyenne des 10 dernières années), et, d'autre part, par un attentisme des collectivités locales suspendues au devenir de la taxe professionnelle notamment. De fait, les budgets ont été gelés un temps et votés tardivement dans le semestre. Conséquence, le chiffre d'affaires a de nouveau chuté de 5% entre janvier et mai.

 

Pour 2010, les inquiétudes concernant l'investissement des collectivités locales (45% du CA des TP) se concrétisent, explique Patrick Bernasconi, qui précise qu'elles « arbitrent désormais entre dépenses de fonctionnement, dépenses sociales et dépenses d'investissement, au détriment de l'investissement ». Une étude interne sur 79 budgets de départements indique ainsi une baisse de 12% des investissements TP, de 7% des dépenses d'entretien et de 11% des subventions aux autres collectivités. Des baisses qui impactent directement l'activité des entreprises de Travaux Publics, qui, en outre, manque d'une totale visibilité dans les 18 prochains mois.

 

45.000 emplois sacrifiés d'ici à fin 2010
En effet, au vu de ces mauvais indicateurs, le Président appelle à une plus grande transparence et à plus d'engagements fermes de la part de l'Etat. Car si nombre de projets et d'annonces « porteuses d'espoir » ont été promulgués ces derniers mois - comme le Grand Paris et son chantier de transport public, la construction et rénovation de stades en vue de l'Euro 2016, ou encore les 4 lignes à grande vitesse (LGV) - l'Etat a parallèlement annoncé des restrictions budgétaires qui risquent bien de faire « capoter » certains chantiers. Le problème, à ce jour, c'est le manque d'informations sur les modalités, les délais et les bouclages des budgets, qui permettrait aux entreprises de passer au stade de la réalisation.

 

« On a besoin d'avoir un vrai éclairage de notre activité dans les deux à trois ans à venir. Qu'on nous le dise ! », s'est insurgé le Président Bernasconi. « Je ne peux pas croire que l'on tourne le dos à l'idée que les TP sortent la France de la crise », a-t-il poursuivi, évoquant le Plan de relance et autres annonces gouvernementales menacés par le manque d'investissement. Du coup, il envisage de demander aux entreprises des TP d'anticiper une réduction de leur activité en « procédant aux ajustements nécessaires, dans la perspective de sauvegarder à moyen terme leur entreprise ». Il a également indiqué qu'il étudiait comment « réduire l'activité des écoles de formation sans pour autant casser l'outil ».

 

Ainsi, le président de la FNTP a évalué à 45.000 emplois le sureffectif actuel dans les entreprises soit 15% du total (300.000 à fin 2009). Un sureffectif qui a conduit notamment à l'application de prix bas. « Ce n'est pas un discours optimiste, mais lucide », a-t-il justifié. Mais si l'Etat persiste à ne pas s'engager sur les projets ou à réduire les chantiers, il y un risque de licencier plus qu'il ne faut. « Il a un devoir de transparence et de lucidité », a-t-il conclu.

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