PERFORMANCE ENERGETIQUE. Les conclusions d'une nouvelle enquête sur le diagnostic de performance énergétique (DPE) sont sans appel : sa fiabilité n'est pas toujours au rendez-vous. La Chambre des diagnostiqueurs immobiliers de la Fnaim reconnaît que la situation n'est pas acceptable et fait des propositions.

"Stop au diagnostic [de performance énergétique] low cost" : c'est l'appel de la Chambre des diagnostiqueurs immobiliers de la Fnaim (CDI-Fnaim), en réponse à la nouvelle enquête de l'UFC-Que choisir sur la fiabilité du DPE. Il faut dire que les résultats de celle-ci, alors que le DPE était censé être mieux bordé qu'il y a quelques années, laissent songeur : "Parmi les 7 maisons qui ont fait l'objet de nombreux diagnostics (entre 4 et 5 chacune), 6 d'entre elles ne se sont pas vues reconnaître la même classe énergétique, avec même une maison pour laquelle la classe attribuée va de B à E alors qu'elle est basse consommation !", peut-on lire dans un communiqué de presse diffusé par l'association. Un résultat plus que problématique, alors que cet outil a pris un poids réglementaire considérable, et devrait même à terme régenter en partie le marché du logement locatif. Rendu opposable par la loi, il est en effet le thermomètre permettant de savoir si un bien sera louable ou non, en fonction de sa classe énergétique et du calendrier d'interdiction à la location des logements les moins bien isolés, intégré dans la loi Climat et résilience. S'il est possible de faire varier la classe énergétique de son logement en se contentant de changer de prestataire, ou en choisissant, volontairement ou non, un diagnostiqueur moins compétent et moins cher, c'est toute la philosophie du texte qui en serait trahie. Comme solution, l'UFC-Que choisir demande notamment aux pouvoirs publics de "revoir en profondeur le système de certification pour assurer aux consommateurs que le recours à un professionnel certifié est réellement gage de qualité".

 

 

La situation n'est "pas acceptable"

 

La CDI-Fnaim ne peut que se dire en accord avec certains des constats et propositions de l'association de consommateurs. Qu'un logement puisse être classé dans différentes classes énergétiques par différents diagnostiqueurs "n'est pas acceptable", réagit-elle dans un communiqué. Si l'organisation professionnelle est d'accord pour dire qu'un renforcement de la formation initiale et continue des acteurs est nécessaire, elle considère qu'une partie du problème vient également de la méthode de calcul, imparfaite malgré le travail "colossal" mené depuis juillet 2021. Mais la première cause de ces défaillances, pour la CDI-Fnaim, est à chercher du côté de professionnels qu'elle qualifie de "low-cost", profitant visiblement du développement de ce marché pour y prospérer en cassant les prix et sans avoir le souci de faire correctement leur travail. Une nouvelle sorte d'éco-délinquants, comme on peut en connaître dans le domaine de la rénovation énergétique, en somme.

 

 

Une autorité qui sanctionnerait les diagnostiqueurs peu consciencieux ?

 

"Il est temps de construire une véritable branche professionnelle, et, pourquoi pas, de réfléchir à une autorité qui pourrait sanctionner les diagnostiqueurs peu consciencieux qui ternissent l'image de notre filière", propose l'organisation. Autre piste évoquée : un encadrement des prix des prestations pour éviter une "casse des prix" liée à "une détérioration de la qualité". Les professionnels du secteur estiment ainsi qu'ils n'y arriveront pas seul, et qu'une reprise en main par l'État, via des évolutions réglementaires, permettrait de sortir par le haut de cette situation. Une chose est sûre, s'il réagissent, les pouvoirs publics devront se presser : la première échéance significative du calendrier d'interdiction à la location des logements mal isolés est fixée au 1er janvier 2023, date à laquelle les pires passoires thermiques de la classe G du DPE seront sorties du marché.

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