C'est lors de l'assemblée générale du syndicat national des acteurs du marché de la prévention et de la protection (Synamap), mi-juin, qu'ont été présentés les résultats d'une étude sur les équipements de protection individuelle (EPI). L'occasion de faire un point avec Antoine Fabre, délégué général du Synamap.

Batiactu : Pouvez-vous nous décrire ce que sont exactement les EPI ?
Antoine Fabre : Selon la directive 89/686/CEE, on entend par équipements de protection individuelle (EPI), tout dispositif ou moyen destiné à être porté ou tenu par une personne en vue de la protéger contre un ou plusieurs risques susceptibles de menacer sa santé ainsi que sa sécurité au travail, mais aussi tout complément ou accessoire destiné à cet objectif.
Cette protection individuelle est envisagée, en complément de la protection collective, lorsque toutes les autres mesures de protection collective s'avèrent insuffisantes ou impossibles à mettre en œuvre.

 

Batiactu : Quelles sont les principales conclusions de cette étude sur le marché français des EPI ?
Antoine Fabre : Cette étude, qui porte sur un secteur industriel transversal méconnu, met en lumière la réalité des entreprises qui le constituent, lesquelles peuvent être considérées au regard des résultats comme économiquement performantes. Le secteur représente 13.500 emplois en France et plus d'1 milliard d'euros de potentiel. Il offre des perspectives importantes de progression, via le développement de la «culture de la sécurité» dans le monde domestique - cuisine, bricolage, jardinage.
Ce secteur est également techniquement innovant. L'ergonomie, le confort et le design des EPI devenant des critères de choix importants, juste après la protection, nous avons pu observer les progrès extraordinaires qui ont été réalisés dans toutes les familles d'EPI (textiles techniques multirisques, fibres techniques pour des gants de protection toujours plus performants et fins, matériaux composites pour les chaussures de sécurité plus souples et plus légères…). Ces innovations concourent à lever les freins au port des EPI et à renforcer la protection de celles et ceux qui les portent.
Enfin, les sociétés du secteur des EPI sont socialement vertueuses car tous leurs efforts sont sous tendus par la volonté de protéger l'homme au travail, de faire diminuer le nombre d'accidents du travail, et, par conséquent, de préserver la bonne marche des entreprises tout en allégeant les coûts de notre système de protection sociale.

 

Batiactu : Existe-t-il des catégories, des normes… concernant les EPI ?
Antoine Fabre : Un EPI est conçu pour protéger l'individu contre un ou plusieurs risques professionnels, il correspond, en effet, à une des 3 catégories officielles de protection, c'est-à-dire la 1ère pour les risques mineurs (petites agressions mécaniques), la 2ème pour les risques importants ou spécifiques (haute visibilité, soudure, happement, exposition au froid, action mécanique...) et la dernière, pour les risques majeurs ou graves et mortels (projections de métal en fusion, de produits chimiques ou toxiques, travail en hauteur...). De plus, l'EPI doit avoir un marquage «CE» avec pictogramme, autorisant sa libre commercialisation dans la Communauté Européenne, et doit être obligatoirement accompagné d'une notice d'utilisation qui informe le porteur sur le niveau de protection assuré, le cadre d'emploi, les restrictions d'emploi, les modalités d'entretien...

 

Enfin, je souhaiterai attirer l'attention de vos lecteurs sur les dispositions du décret 93.41 du 11/01/93, qui précise que «le chef d'établissement doit mettre à la disposition des travailleurs les équipements de protection nécessaires, appropriés aux risques encourus (…)».

 


Batiactu : Avec l'évolution du nombre de femmes dans le bâtiment, est-ce que les EPI se sont adaptés à ces dernières ? Y a-t-il des produits qui ont été développés spécifiquement pour elles ?
Antoine Fabre : On observe effectivement une progression du nombre de femmes dans les métiers du BTP et plus particulièrement dans le second œuvre. De nombreux fabricants proposent des modèles de vêtements de travail et de vêtements de protection aux coupes et aux mesures adaptées à la morphologie féminine. Des efforts sont également faits dans les coloris utilisés, afin d'offrir des vêtements vraiment appropriés tant en termes de protection que de confort ou d'apparence.
De nombreux modèles de gants de protection sont mis dorénavant à disposition dès la taille 7, voire 6 pour certains d'entre eux, car un gant trop grand ou mal taillé gêne le travail ou n'est tout simplement pas porté !
Concernant les chaussures de sécurité, si certains fabricants se contentent de proposer des chaussures «mixtes» en petites pointures, d'autres développent des modèles spécifiques pour femmes, avec un volume de chaussant et un rapport longueur sur largeur de semelle parfaitement adapté à la morphologie du pied féminin.

 

Batiactu : Est-ce qu'il y a de nouvelles matières qui apparaissent sur le marché ?
Antoine Fabre : Il est vrai, qu'aujourd'hui, tous les équipements de protection individuelle deviennent plus efficaces, plus légers, plus confortables et plus beaux grâce aux diverses avancées technologiques. Ainsi on voit apparaître, des fibres plus résistantes à l'abrasion ou à la coupure, même pour des tissus fins. Ils permettent de concevoir des vêtements de protection au look toujours plus proche de ceux portés hors contexte professionnel.
Des matières dites «respirantes» arrivent aussi sur le marché. Elles augmentent le confort et l'hygiène des chaussures ou des vêtements, même pour de longues durées de port. Enfin, de nouveaux procédés permettent de teindre des fibres qui n'acceptaient pas la teinture auparavant autorisant ainsi de nouveaux coloris pour certains textiles.

 


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