Rien ne s'oppose vraiment au lancement de ces coopératives. Ce modèle est largement répandu hors de nos frontières, en Europe du Nord notamment et, plus proche de nous, en Suisse. Dans ce dernier pays, ce type d'habitat représente par exemple 5 % du parc immobilier, selon Habicoop. Les exemples étrangers montrent que le système réussit plutôt bien aux pays qui l'adoptent, mêmes s'ils sont à mettre en perspective. "Les Suisses n'ont pas de logement social. C'est donc un des moyens qu'ils ont trouvé pour faciliter le logement des bas revenus", explique Laurent Escobar, directeur associé du cabinet Adéquation, dont on a sollicité l'expertise pour un projet dans le quartier de La Duchère à Lyon. D'ailleurs, le système a existé en France. Il a été créé après-guerre avant d'être abandonné dans les années 70, bien que quelques coopératives survivent encore sous ce régime comme dans le quartier de la Croix Rousse à Lyon.

Une troisième voie

Le fonctionnement est atypique. Les membres ne sont pas propriétaires d'un logement, mais détenteurs de parts sociales proportionnellement à la superficie de leur logement. Les coopérateurs sont donc locataires de leurs logements (ils versent un loyer équivalent aux charges et au remboursement de l'emprunt) et propriétaires de parts de la coopérative. Le processus de décision se veut plus démocratique que celui d'une assemblée générale de copropriété classique. Les décisions sont prises sur le principe d'un logement, une voix, pas en fonction de la surface de son appartement. Les associés achètent des parts sociales qu'ils céderont à peu près au même prix à un nouvel arrivant s'ils souhaitent déménager (la valeur des parts est estimée au départ puis indexée sur le coût de la vie. Elles ne suivent pas les fluctuations du marché immobilier). C'est d'ailleurs probablement une des limites de ce système. Que faire en cas de chute brutale du marché ? En clair, en cas de départ d'un des membres, qui rachètera un logement plus cher que dans le privé. De même en cas de hausse. Quel coopérateur, s'il doit se reloger, pourra se permettre de quitter son logement en cas de flambée des prix partout ailleurs ? Un risque que semblent accepter les futurs habitants de ces logements puisqu'ils se placent délibérément hors marché. "L'idée n'est pas que les coopératives d'habitat deviennent une norme, mais bien une alternative à ce qui existe déjà", rappelle Isabelle Gueguen. Une troisième voie qui attend donc le vote des parlementaires pour être effective.

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