JUSTICE. Les condamnations viennent de tomber, 15 ans après l'effondrement mortel, en 2004, du terminal 2E a l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Détails.

Le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné mercredi le groupe ADP (Aéroports de Paris) à la peine maximale de 225.000 euros d'amende, 15 ans après l'effondrement du terminal 2E de Roissy qui avait fait quatre morts et sept blessés, nous apprend l'AFP. Les trois sous-traitants du gestionnaire du 2e aéroport européen ont également été condamnés à des amendes: 150.000 euros contre le bureau de certification Bureau Veritas, 100.000 euros contre le bureau d'études Ingerop ainsi que le constructeur GTM (filiale de Vinci).

 

Une position dominante sur les sous-traitants

 

Le tribunal a également condamné les quatre prévenus à des contraventions pour les blessures les moins lourdes (7.500 euros pour ADP, 6.000 euros pour Bureau Veritas et 5.000 euros pour GTM et Ingerop), ajoute l'AFP. Les avocats d'ADP n'ont pas souhaité réagir.

 

Que s'était-il passé en 2004 ? Peu avant 07H00, dimanche 23 mai 2004, le toit de l'aérogare avait cédé (six arcs en béton et quatre passerelles, sur une trentaine de mètres). Quatre voyageurs étrangers - deux Chinois, une Libanaise, une Ukrainienne - avait été tués et sept personnes blessées, parmi lesquelles des employés et des policiers travaillant sur la plateforme. Lors du réquisitoire, en décembre 2018, le procureur Loïc Pageot avait pointé "la responsabilité" d'ADP, qui aurait "usé et abusé de sa position dominante" sur les trois sociétés sous-traitantes. Il avait évoqué "les délais extrêmement tendus imposés" lors de la construction du bâtiment, mais aussi un "manque de transparence" et "un contrôle insuffisant de l'exécution". "On a pensé à l'esthétique, à l'innovation. A la sécurité, on n'a pas toujours pensé", avait-il notamment déploré.

 

 

Ce bâtiment à 650 millions d'euros avait été dessiné par l'architecte Paul Andreu, concepteur de l'Opéra de Pékin aujourd'hui décédé. Lors de l'enquête fleuve, les experts ont démontré que la résistance des voûtes était "très insuffisante" et estimé que la structure était "très proche de la ruine dès sa conception". Ils avaient aussi relevé des "fautes d'inattention" à tous les niveaux de l'opération, "révélatrices" d'un "défaut de coordination et de supervision". Ils avaient évalué à 50% la part de responsabilité technique d'ADP, contre 25% pour Ingerop, 15% pour GTM et 10% pour Veritas.

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