Plusieurs milliers de personnes ont manifesté jeudi pour un retrait du projet de transformation du statut d'EDF et de Gaz de France. Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a rejeté catégoriquement leur demande, confirmant l'intention du gouvernement de légiférer, sans toutefois privatiser.

Cinquante-huit ans jour pour jour après la nationalisation d'EDF et de Gaz de France, le 8 avril 1946, les quelque 150.000 agents des industries électriques et gazières (IEG) étaient appelés à se mettre en grève par les fédérations CGT, CFDT, FO, CFTC, SUD, et CGC a constaté l’AFP.
Selon les syndicats, le mouvement a été largement suivi, avec quelque 75% d'agents grévistes sur les effectifs prévus au travail ce jour. Les directions d'EDF et de GDF, se basant sur l'effectif total (agents en vacances ou en congés maladie inclus) ont fait état de 40 % de grévistes à midi.
La journée a également été marquée par des coupures de courant, sans conséquences graves et des manifestations. A Paris, dans la matinée, 3.800 personnes selon la police, 8.000 selon les syndicats, ont défilé des abords de la gare St-Lazare jusqu'au Conseil d'Etat.
En province, les cortèges ont réuni quelque 1.500 personnes à Bordeaux, un millier à Bayonne, entre 500 et 1.000 à Lyon, Toulouse, Nantes, Orléans, Caen, quelques centaines à Rennes, Quimper, Lille, Vannes ou encore Strasbourg.

Le projet de loi dont les syndicats réclament le retrait prévoit la transformation des deux Etablissements publics à caractère industriel et commercial (Epic) en sociétés anonymes (SA). Il entérine également la mise en oeuvre de la réforme du financement du régime de retraite des salariés de la branche, rejetée par 53% des agents en janvier 2003.
Les syndicats redoutent que l'ouverture du capital n'ouvre la voie à terme à une privatisation.

Excluant, après Nicolas Sarkozy lundi, toute modification du statut des agents ainsi qu'une privatisation, Jean-Pierre Raffarin n'en a pas moins refusé tout "report" du changement de statut d'EDF-GDF, jeudi au Sénat. "Il n'y aura pas de privatisation d'EDF et de Gaz de France. Il y aura une adaptation juridique européenne qui est rendue nécessaire pour faire de ces deux grandes entreprises publiques françaises de véritables champions mondiaux", a-t-il déclaré.
Par ailleurs, le premier Ministre a profité de la tribune pour annoncer qu'il venait de signer un décret instaurant un "tarif social d'électricité" en faveur de 1,6 million de foyers modestes (ressources annuelles inférieures à 5.520 euros), qui bénéficieront d'une réduction de facture 30 à 50%, sur les 100 premiers kilowatts/heure mensuels.



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