Deux salariés de la société de travaux publics Colas à Portet-sur-Garonne, dans la banlieue toulousaine, comparaissaient mercredi devant le tribunal correctionnel après l'explosion, il y a dix ans, d'une cuve à bitume qui avait tué deux ouvriers.

Le procureur Michel Cavaillès a requis une peine de sursis à l'encontre des deux hommes, le chef d'usine et le chef de centre, poursuivis pour homicides involontaires.
Le 3 juin 1994, deux ouvriers experimentés, Georges Ferrières et Marcel Vignaux, avaient trouvé la mort lors de l'explosion d'une cuve contenant un mélange de bitume et de kérosène sur laquelle ils travaillaient à l'installation d'une passerelle avec une autre cuve.

L'enquête a démontré que l'explosion avait été provoquée par l'étincelle du poste à soudure à l'arc utilisé par les deux ouvriers à la faveur d'un contact avec les gaz hautement inflammables du mélange bitume et kérosène qui sert à la construction de routes.

Tout en réclamant une peine modérée, le procureur a défendu un manquement à l'obligation de sécurité de la part des deux prévenus, étant donné l'interdiction préfectorale de produire des étincelles dans la zone de l'usine où étaient stockés les hydrocarbures.

Les conseils des prévenus ont plaidé la relaxe de leur client respectif. Me Gilbert Comolet, qui défendait le cadre chef de centre, a soutenu que le point crucial du dossier était "une tromperie de Shell", qui "a livré un hydrocarbure ne correspondant pas aux caractéristiques techniques habituelles et ayant explosé à une température ambiante alors qu'il était censé devenir dangereux à partir de 55°".

Me Michel Jolly a lui fait valoir que son client, un agent de maîtrise chef d'usine, "à son niveau n'était pas en charge de l'application des règles de sécurité". "En matière de travaux, il n'avait d'ailleurs pas de lien hiérarchique avec ses deux collègues tués", a-t-il ajouté.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 9 juin.

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