Le groupe Bolloré, très impliqué dans la mobilité électrique, a annoncé la future production d'un BlueTram dans une usine bretonne à construire sur le site d'Ergué-Gaberic (Finistère). Les machines seront dotées de super-condensateurs qui se rechargeront lors des arrêts en station, permettant d'éviter l'utilisation de caténaires ou de système d'alimentation par le sol.

"Toutes les villes veulent un tram, le problème c'est qu'il faut beaucoup d'autorisations, c'est long à construire, et cher", expose Vincent Bolloré, lors d'une conférence de presse. Face à cette réalité, son groupe industriel diversifié, qui fabrique notamment la BlueCar utilisée dans les services d'auto-partage Autolib, Bluely et Bluecub, a conçu une réponse toute trouvée : le "tramway électrique à supercapacité".

 

Dix fois moins cher qu'un tramway classique
La société française a présenté un prototype de l'engin, ressemblant à un microbus, équipé d'un système de propulsion électrique alimenté par des super-condensateurs (voir encadré). Cette technologie permet de stocker une quantité d'électricité suffisante pour parcourir la distance séparant deux stations, soit environ 1,5 km au maximum. Une fois à l'arrêt, le véhicule se recharge tandis que les passagers descendent et montent. La solution permet donc de s'affranchir des câbles d'alimentation aériens (caténaires) et des complexes systèmes d'alimentation par le sol (troisième rail comme le Citadis APS). Autre avantage : le coût de cette infrastructure est réduit au minimum. Seules les stations, produites par Automatic Systems (une filiale à 100 % du groupe Bolloré) comportent des installations énergétiques et nécessitent des travaux de terrassement. "Un tramway desservant 10 km coûte environ 200 M€. Nous espérons le proposer pour 20 M€", déclare Vincent Bolloré. Ce prix de 2 M€ au kilomètre serait même très inférieur à celui estimé pour un système de bus en site propre (dit à "haut niveau de service"), équivalent à 10 M€/km.

 

L'engin de série, qui devrait sortir en série dès 2015, disposera d'une capacité d'embarquement de passagers modulable. "Dans un premier temps, chaque module pourrait transporter 30 à 40 personnes", prévoit le pdg de Bolloré. Les BlueTram seront assemblés dans une usine dont la première doit être posée au mois de juin prochain. Une centaine de personnes seront recrutées dans un premier temps, chiffre qui sera doublé si les commandes suivent. La capacité nominale de production serait alors de 200 tramways par an en 2016-2017. Le premier client pourrait être la ville-état de Singapour, mais l'île Maurice serait également intéressée. Plus que jamais, la mobilité urbaine durable excite l'imagination des industriels.

 

Les supercondensateurs :
Il s'agit d'une technologie de condensateurs particuliers qui disposent de densités de puissance et d'énergie comprises entre celle des batteries classiques et celles des condensateurs électrolytiques classiques. Les composés permettent de ce fait de stocker une quantité d'énergie qui est, elle aussi, intermédiaire entre ces deux modes de stockage déjà connus. La restitution et la recharge sont beaucoup plus rapides que celles des batteries standard. Les supercondensateurs sont donc particulièrement intéressants pour les engins effectuant des arrêts fréquents, pouvant être équipés de gros accumulateurs pesant plusieurs centaines de kilos et de dispositifs de récupération de l'énergie au freinage. La recharge aux arrêts s'effectue en quelques secondes : 30 secondes seraient nécessaires pour retrouver 50 % d'énergie et 80 secondes pour une pleine charge.
En mars 2013, la RATP a commandé quinze autobus hybrides Diesel/supercondensateurs permettant d'économiser jusqu'à 30 % du carburant.

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