Les retards de paiement marquent une "timide amélioration par rapport au début d'année", signale Altarès sur le deuxième trimestre en 2013 en France. Si le délai moyen a buté sur les 12 jours, il amorce un léger mouvement de baisse par rapport au 1er trimestre où il était en moyenne de 12,3 jours. Qu'en est-il dans le bâtiment et l'immobilier ? Précisions.

Le sujet est très sensible pour les PME dont la trésorerie est susceptible d'être touchée par la succession des reports de paiement. Un chiffre significatif, fourni ces jours-ci par Altarès d'après son étude sur les conditions de règlement interentreprises en Europe au deuxième trimestre 2013 indique que : "moins d'une entreprise française sur trois (31,7 %) paye ses fournisseurs à temps." Par conséquent, d'après leurs chiffres, deux tiers des entreprises payent leurs factures en retard, en moyenne 12 jours au-delà du délai légal fixé à 60 jours. "De nombreux règlements sont décalés de 1 à 15 jours après la date d'échéance prévue", ajoute l'étude.

 

En effet, l'observation comparée de l'évolution des dépôts de bilan et des "petits" retards sur quinze ans démontre ce risque associé. Les retards de paiement inférieurs à 15 jours, trop souvent considérés comme seulement d'ordre technique, rythment, d'après Altarès, les tendances de défaillances d'entreprise.

 

Un défi de taille…
Le défi demeure capital : "Dans une conjoncture économique difficile cette année, la tentation est toujours grande pour optimiser un cash qui peut faire défaut…, nous signale Thierry Millon, responsable des études Altarès. C'est donc de l'argent qui ne circule pas. Pour rappel : le rapport annuel de l'Observatoire des délais de paiement de la Banque de France a constaté que les 12 jours de délais représentaient 13 milliards d'euros non rétribués aux PME. En effet, si la règle de délai était respectée, entre 13 et 14 milliards d'euros rentreraient dans leur trésorerie indique ce rapport."

 

En profondeur, l'importance des retards de paiement est inversement proportionnelle à la taille de l'entreprise. Si 37,3 % des entreprises de moins de trois ans (contre 36 % trois mois plus tôt) payent à l'heure actuelle leurs fournisseurs sans retard, seules 24 % des PME s'en occupent. De plus, elles sont à peine plus d'un quart (25,4 %) pour celles de plus de 50 ans.

 

"La rupture de la chaîne de trésorerie met globalement les micro entreprises et les PME en première ligne du processus de défaillance", admet Thierry Millon. D'après le responsable d'études, ces retards sont principalement liés à la dégradation de la confiance des entreprises en France. Concernant les secteurs d'activités, nombreux d'entre eux confirment "la modeste détente constatée ce trimestre en matière de comportement de paiement", souligne l'étude.

 

Le bâtiment en bon élève
Trois secteurs tels que le bâtiment, l'industrie manufacturière et le commerce de détail montrent aussi l'exemple avec "des retards moyens sous les 11 jours à 9,3 jours pour le premier et 10,8 jours pour les deux autres secteurs." Et à Thierry Millon d'analyser : " Dans un contexte économique difficile que le bâtiment traverse, ce domaine en particulier montre des signes encourageants, qui, a, par ailleurs, toujours montré des qualités de comportements meilleurs par rapport à l'ensemble des secteurs. C'est effectivement plus sensible car il y a des activités en cours qui nécessitent plus d'organisations. Par contre, les donneurs d'ordre doivent faire davantage d'efforts pour limiter les retards." Un autre chiffre pour rappeler toutefois quelques bémols : "4,4 % des professionnels du bâtiment règlent leurs fournisseurs avec plus de 30 jours de retards et sans compter qu'une faillite sur quatre dans le bâtiment s'explique principalement par des retards de paiement", détaille-t-il.

 

L'immobilier "à la peine"
Néanmoins, quatre activités peinent à résister, à l'image de l'immobilier, l'informatique, l'élevage et l'administration. "Tout d'abord, la proportion de sociétés immobilières respectant les délais de règlement, déjà faibles, se réduit encore. Seulement 22,7 % payent leurs fournisseurs à l'échéance contre 23,1 % en début d'année", nous précise Thierry Millon. Davantage critique, une société sur dix (10,5 %) dans ce secteur retarde ses règlements de plus de 30 jours. Pour rappel, dans l'immobilier, le retard moyen reste proche de 17 jours. "Il y a bien moins d'acteurs qui se comportent moins bien qu'en début d'année 2013", ajoute-t-il. La raison essentielle ? "Le manque de trésorerie et une tension au sein de l'entreprise en sont les principaux facteurs."

 

Des disparités en Europe
Néanmoins, l'étude révèle que la France n'est pas la seule à être confrontée aux problèmes de retards de paiement. En effet, les entreprises tricolores se "comportent mieux que leurs concurrentes européennes sur les retards supérieurs à 30 jours." En effet, les retards continuent de battre des records au Portugal, à 32,9 jours, soit 7 jours de plus qu'au début de 2012. L'Italie également se retrouve sur une "trajectoire compliquée". "Depuis le deuxième trimestre 2012, les fournisseurs des entreprises italiennes doivent supporter un allongement des délais de règlements clients", ajoute Altarès. Ramenés à 15,3 jours début 2012, les retards de paiement ne cessent d'augmenter depuis et franchissent désormais la barre des 20 jours.

 

 

En Espagne, la situation s'améliore sensiblement, avec un retard de 18,3 jours, le meilleur chiffre depuis quatre ans. Toutefois, c'est l'Allemagne qui se hisse parmi les bons élèves. Plus des trois quarts (76,2 %) des entreprises germaniques règlent leurs fournisseurs sans retard, voire en avance. Pour ce qui concerne le retard moyen constaté de 6 jours environ, il est deux fois inférieur à celui que l'on observe en France. "En résumé, les retards de paiement pénalisent fortement le développement des entreprises et handicapent les relations commerciales locales et transfrontalières", conclut Thierry Millon.

 

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