Alors que l'ONU lance un cri d'alerte sur la trop forte quantité de déchets électroniques dans les pays émergents, le ministère du Développement durable français a présenté le bilan positif de la filière. Résultats : des objectifs européens fixés dépassés et une volonté affichée d'aller encore plus loin. Détails.

Le ministère du Développement durable vient de présenter le bilan de la filière Déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), une filière qui dorénavant a trois ans.

 

Et il semblerait que le succès soit au rendez-vous puisqu'aujourd'hui, plus de 3.800 producteurs adhèrent à l'un des éco-organismes agréés par les pouvoirs publics pour la gestion des DEEE ménagers (Ecologic, Eco-systèmes, ERP ou Récylum). De plus, le nombre de points de collecte sélective atteint désormais un niveau élevé, avec plus de 18.600 points de collecte auprès des distributeurs et 3.400 auprès des collectivités territoriales.
Suivie par les consommateurs, la filière peut compter sur le comportement citoyen des Français. En effet, «l'objectif de collecte fixé par la directive européenne de 4 kg par habitant et par an a été dépassé et avoisine aujourd'hui le seuil des 5,7 kg par habitant, soit un total de 371.000 tonnes de DEEE ménagers collectés en 2009», précise le gouvernement. D'autre part, les produits recueillis ont été, dans 81% des cas, recyclés en 2008. Autre point positif, le réemploi des équipements confiés aux structures de l'économie sociale qui s'élève à près de 4.000 tonnes.

 

La France se fixe des objectifs encore plus élevés
Portée par ces bons résultats, la France affiche de nouvelles ambitions pour les années à venir. Ainsi, le nouveau taux de collecte des DEEE ménagers a été fixé à 10 kg par habitant à l'horizon 2014, soit 1 kg supplémentaire par habitant chaque année. Pour soutenir cet élan, le ministère prévoit de poursuivre ses actions de sensibilisation et d'information auprès du public. Il souhaite aussi faciliter la reprise des petits appareils usagés, par des dispositifs volontaires de collecte sans obligation d'achat auprès des distributeurs. Enfin, il envisage de mettre l'accent sur la recherche et le développement menés par les éco-organismes afin de réduire les impacts environnementaux de ces activités.

 

Le recyclage manque dans les pays émergents
D'un point vue international, le bilan n'est pas aussi encourageant. En effet, l'ONU vient de tirer la sonnette d'alarme sur le surplus des déchets. Pour cause, «les ventes de produits électroniques dans les pays comme la Chine et l'Inde et sur les continents africain et sud-américain devraient augmenter fortement dans les dix prochaines années», prévoit un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Ce rapport dénonce les dérives et les conséquences que pourrait avoir cette croissance sur les populations : «Si aucune politique n'est lancée pour collecter et recycler ces équipements, de nombreux pays vont se retrouver avec des montagnes de déchets électroniques dangereux, avec des répercussions graves pour l'environnement et la santé publique». Pour preuve, la quantité de déchets électroniques (ordinateurs, téléphones portables, télévisions, réfrigérateurs...) devrait continuer d'exploser notamment en Inde, en Chine, en Afrique du Sud ou encore au Brésil. Ce sont les Etats-Unis qui détiennent le record de déchets d'équipements électriques et électroniques par an avec 3 millions de tonnes, suivie de près par la Chine avec environ 2,3 millions dont une grande quantité n'y est «pas proprement traitée» et incinérée, conclut le PNUE.

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