POISSON D'AVRIL. En signe de résistance tous azimuts à la crise du coronavirus, les pouvoirs publics ont décidé d'agir sur tous les fronts. D'après nos informations, la réglementation environnementale 2020 pourrait être transformée afin de répondre, elle aussi, à la crise sanitaire.

L'impact du Covid-19 concerne tous les secteurs, et devrait entraîner une révision profonde de la réglementation environnementale 2020, qui dictera à partir du 1er janvier 2021 la façon de construire un bâtiment neuf. Cela vient d'être confirmé à Batiactu par un porte-parole du ministère de la Cohésion des territoires, ce 1er avril 2020. "Nous sommes en guerre, et le Bâtiment tiendra sa position dans cette guerre", nous explique-t-il. Avec un changement fondamental de philosophie : l'expérimentation énergie carbone, bien connue des professionnels sous l'acronyme "E+C-", va changer de nom pour être rebaptisée "Expérimentation énergie +, carbone -, covid -", soit "E+C2-". Explications.

 

Une indiscrétion qui fait réagir

 

"L'idée est simple : introduire un nouveau critère dans la réglementation, à savoir la résistance d'un bâtiment à la propagation d'une épidémie de ce type, tout en assurant une lisibilité parfaite des objectifs de la RE2020 pour le public", décrypte le conseiller. "D'après les prospectivistes, les pandémies grippales seront du plus en plus fréquentes du fait du changement climatique. Or, les bâtiments que nous construisons aujourd'hui seront toujours debout dans cinquante ans : ils doivent être prêts à affronter le choc d'éventuels covid-20, covid-26 voire d'un covid-44." L'idée est ainsi de prendre des mesures en amont pour ne pas devoir réintervenir sur des bâtiments dans 30 ans pour les rendre "covid zéro", pour reprendre l'expression que compte introduire le Gouvernement dès 2021 dans la future Stratégie nationale bas covid (SNBC).

 

"Toutes les pistes sont sur la table", explique le ministère

 

Concrètement, quels changements pourront être apportés à un bâtiment ? Faut-il supprimer les boutons d'ascenseur et y installer des appareils à commande vocale, remplacer les poignées de portes par des serrures numériques, élargir considérablement les zones de circulation de tous les immeubles pour permettre aux personnes qui s'y croisent de respecter la norme de distanciation sociale ? Sans parler de la mise à disposition de gel hydroalcoolique et de thermomètres partout où cela est possible. "Toutes les pistes sont sur la table", nous explique le ministère, alors même que les promoteurs s'inquiètent, en aparté, du possible surcoût que pourraient entraîner ces diverses mesures, évalué à +37%. "Dès 2021, un Français ne devra plus toucher un bouton, tourner une poignée ou insérer une clé pour descendre ses poubelles ou aller faire ses courses - à moins d'un kilomètre de son domicile, bien sûr", nous assure une source haut placée. Preuve que la réflexion est déjà bien avancée.

 

Le carbone "reste un objectif prioritaire"

 

Mais qu'en est-il de l'objectif carbone ? Selon certaines associations défendant le climat, les pouvoirs publics, qui s'apercevraient de la difficulté qu'il y a à réaliser une analyse de cycle de vie crédible sur un objet aussi complexe qu'un bâtiment, profiteraient de l'émergence du covid-19 pour faire passer le CO2 à la trappe. Le ministère dément fermement auprès de Batiactu : "Le carbone reste un objectif prioritaire", nous explique-t-on. "Même si la mise à l'arrêt de l'économie mondiale, et la chute des émissions de gaz à effet de serre qui en découlera probablement, nous fera gagner quelques mois pour ne pas atteindre les 2 degrés d'ici la fin du siècle."

 

Les organisations d'architectes, contactées également par Batiactu, se félicitent de leur côté de la prise en compte de ce nouveau critère lié à la santé des occupants. Ils en appellent toutefois à ne pas oublier la qualité de l'air et alertent sur les effets néfastes d'une utilisation trop systématique du gel hydroalcoolique. "Il est aussi fondamental de sensibiliser les usagers, de les informer sur les gestes barrières, de manière à ce que cette réglementation ne soit pas uniquement prescriptive, mais qu'elle soit bien comprise et adoptée sur le terrain", analyse un responsable de la profession.

 

Il est probable que ce nouveau critère Covid activera une nouvelle polémique sur le nombre de points que devrait aborder un seul texte réglementaire. Faut-il cibler sur quelques priorités essentielles ou chasser plusieurs lièvres à la fois ? "Quand on cherche la baleine blanche, inutile de se mettre en chasse de toutes les autres", souffle, énigmatique, un haut fonctionnaire, visiblement amateur du roman d'Herman Melville.

 

Pour la rénovation « E+C2-», des entreprises certifiées « RGEVPCECATC »

 

"Et la rénovation ?", nous direz-vous. Les pouvoirs publics planchent déjà sur la question et dans les couloirs du ministère se murmure déjà la mise en place d'un label spécifique pour les entreprises qui effectueront les travaux de mise en conformité 'covid-zéro', afin de s'assurer de leur qualité. Un label RGE "augmenté" verrait ainsi le jour afin de ne pas laisser la rénovation énergétique sur le côté du chemin. Selon nos sources, ce label serait baptisé, toujours dans un souci de lisibilité, "RGEVPCEPFBTN", pour "Reconnu garant de l'environnement et qui veut pas de covid et parce qu'il fallait bien trouver un nom".

 

NDLR : En ce 1er avril 2020 et selon la tradition, la rédaction de Batiactu a tenu à vous apporter un peu d'humour avec cet article, vous l'aurez compris ! Pour continuer à vous faire sourire nous vous proposons ci-après, quelques posts vus ça et là sur les réseaux sociaux, drôles ou sympathiques… Tenez bon et prenez soin de vous !

 

Quand tu es en manque de chantier
Quand tu es en manque de chantier © LinkedIn Sébastien Méha

 

 


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