La construction constitue un secteur à fort potentiel de l'économie française, qui pourrait représenter une solution à la crise, s'il bénéficiait d'un soutien ciblé. Une étude, publiée par Euler Hermes (assurance-crédit) démontre l'impact positif de mesures de relance des travaux, grands ou petits. Analyse.

La construction occupe une place primordiale dans l'économie française, avec 5 % du PIB et 25 % de l'investissement. Le secteur emploie 1,3 million de personnes, soit 5 % de la population active, à des postes non délocalisables. "Tout accroissement de l'activité a un effet positif immédiat sur l'emploi", analyse la société Euler Hermes, spécialiste de l'assurance-crédit détenue par Allianz, dans une étude portant sur l'accélération de la sortie de crise liée aux mesures de soutien appropriées.

 

Les difficultés de 2013 se répercutent en 2014
"On est entré en 2013 en zone rouge, c'est-à-dire en dessous du seuil de 350.000 mises en chantier, ce qui est le niveau minimum pour répondre aux besoins annuels correspondant à l'évolution sociologique et démographique de la France", estime Didier Moizo, conseiller sectoriel chez Euler Hermes. L'an passé, ces mises en chantier avaient reculé de 5 % et se situaient donc bien en-deçà des 500.000 attendues par les pouvoirs publics. Et elles continuent de baisser à l'heure actuelle, même si cette décroissance a ralenti. Le non résidentiel (-3 %) et les travaux publics (-4 %) ont également souffert en 2013 et ne présentent pas de perspectives brillantes. Les demandes de permis de construire suivent la même tendance (-11,7 % en 2013) et ne laissent pas espérer de reprise sur la première moitié de 2014. "L'évolution de l'indice de production de ciment confirme les difficultés du secteur", avance l'étude qui signale qu'il est à son plus bas niveau depuis 2001. "Au total, l'activité du secteur de la construction pourrait à nouveau se contracter en volume de -1,5 %", prévient Euler Hermes.

 

Pourtant, tout n'est pas noir, estime la société d'assurance-crédit qui distingue trois raisons d'espérer. Tout d'abord, la France dispose d'acteurs solides dans le monde du BTP, quatre entreprises nationales figurant dans le top 10 européen du secteur( Vinci, Bouygues, Eiffage et Colas). Ces groupes, présents à l'international, sont armés pour tirer profit de grands programmes étrangers, telles les constructions d'infrastructures autoroutières et de logements en Russie. Ensuite, le pays présente une démographie plus favorable que celle de ses voisins, Allemagne en tête. Le taux de croissance de la population française est de +0,5 %, entraînant des besoins accrus en logements et équipements divers. Dernier point, le besoin de rénovation et de mise aux normes est immense : au moins 100.000 logements nécessitent une réhabilitation d'urgence. "Le respect des normes environnementales constitue également un facteur d'expansion potentielle", souligne le rapport d'Euler Hermes.

 

Des mesures pour assurer la relance
L'étude met en avant deux catégories de mesures susceptibles de relancer l'activité de la construction. Dans le domaine des infrastructures, notamment des lignes ferroviaires à grande vitesse ou des liaisons routières, des dépenses incontournables liées à leur entretien et leur modernisation pourraient redynamiser les travaux publics. Pourtant, les restrictions budgétaires et problèmes de financement liés à l'abandon de l'écotaxe pèsent dans la balance. D'autre part, pour le segment du second œuvre, où les entreprises sont plus petites, Euler Hermes estime qu'un taux de TVA réduit à 5 % dans la rénovation thermique et la relance du pouvoir d'achat des ménages grâce à prêts à taux zéro et des incitations à l'accession d'un logement neuf pourraient lever le frein. Nicolas Delzant, président du directoire de la société d'assurance-crédit, conclut : "Les entreprises de la construction ont été fragilisées par plusieurs années de crise, d'autant qu'il s'agit pour beaucoup de petites structures faiblement capitalisées, qui ne sont pas parvenues à reconstituer leurs fonds propres mis à mal par la crise de 2009. Certaines mesures sont urgentes et nécessaires pour donner un nouveau souffle au secteur et créer immédiatement des emplois en France".

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