Lors de la première journée d'audience du procès de l'ancien ministre Gérard Longuet, le tribunal correctionnel de Paris s'est penché sur les prestations présumées fictives qu'il a fournies à la Cogedim entre 1989 et 1990.

L'ancien ministre et actuel sénateur UMP de la Meuse est notamment accusé de "recel d'abus de biens sociaux" pour avoir reçu, par le biais de sa société Avenir 55, la somme de 173.561 euros en rétribution de prestations de conseil fictives en faveur de la société immobilière à l'époque présidée par Michel Mauer et d'avoir également "sciemment recelé des rapports contrefaits".
Comparaissaient aux côtés de Gérard Longuet, M. Mauer, 73 ans, Jean Philippet, 58 ans, PDG d'Exergie et ami personnel de M. Longuet qui aurait rédigé une partie des rapports et Bertrand Pancher, 45 ans, ancien président UMP du conseil général de la Meuse, soupçonné d'avoir bénéficié d'un emploi fictif à Exergie.
La première journée de ce procès qui doit se poursuivre les 4, 5 et 10 mai a été consacrée à l'examen de la nature précise des missions confiées à M. Longuet.

Selon M. Mauer, ces "prestations correspondaient à un réel besoin de la part de la Cogedim" qui souhaitait se développer sur le créneau des "immeubles intelligents", c'est-à-dire dotés de services technologiques de pointe.
"Nous nous sommes adressés à la bonne porte", a souligné l'ex-PDG de la société immobilière.

Interrogé par le président Michel Desplan sur la régularité des contacts entre M. Longuet et lui-même, M. Mauer a précisé que leurs rendez-vous avaient lieu "une à deux fois pas mois" et qu'il s'agissait de "discussions à bâtons rompus, pas vraiment sur des dossiers prévus".
Le président du tribunal s'est étonné du rapport coût/durée des entretiens qui, vu le montant global perçu par M. Longuet, approche les 6.100 euros/heure.

De son côté, l'ancien ministre des gouvernement Chirac (entre 1986 et 1988) et Balladur (entre 1993 et 1994) a reconnu le caractère "un peu mondain" des rencontres avec M. Mauer, tout en soulignant la "valeur ajoutée" qu'il a pu apporter à la Cogedim.
Le débat s'est également focalisé sur le caractère "semi-confidentiel" des missions confiées à M. Longuet. Selon M. Mauer, donner trop de publicité à cette collaboration "ne correspondait pas aux voeux de M. Longuet".
Ce dernier a mis en avant sa crainte de voir l'ensemble de la direction de la Cogedim le solliciter pour son carnet d'adresses politique.

Enfin, le tribunal s'est penché sur les rapports fournis par l'ancien ministre. Deux rapports intitulés "les immeubles intelligents" et "le marché des téléports" ont été produits par Avenir 55. Le premier aurait repris "pratiquement mot pour mot", dans ses 72 premières pages, un ouvrage sur le même sujet.
M. Longuet a fait valoir qu'il ne s'agissait pas de rapports liés à son contrat mais seulement d'une documentation fournie à M. Mauer dans la perspective de la fin de sa mission.

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