COLÈRE. Les professionnels du bâtiment regrettent les choix politiques effectués en matière de crédit d'impôt pour la transition énergétique. Et des conséquences que cela pourrait avoir quant au label Reconnu garant de l'environnement (RGE).

Le label Reconnu garant de l'environnement (RGE), qui permet à un professionnel du bâtiment de faire bénéficier ses clients des aides étatiques en faveur de la réalisation de travaux de rénovation énergétique, est-il en train d'être vidé de sa substance ? C'est en tout cas l'opinion de la Fédération française du bâtiment (FFB), qui parle de la "chronique d'une mort annoncée" du dispositif, dans un communiqué de presse datant du 4 octobre 2018. L'intérêt de ce label est, en toute logique, directement dépendant des aides qui lui sont attribuées. Or, les pouvoirs publics ont décidé de faire passer de 1,7 milliard d'euros (en 2017) le budget affecté au Crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE) à 800 millions d'euros pour 2019. De nombreuses organisations liées au secteur du BTP ont déjà fait valoir leur indignation à ce sujet notamment.

 

La FFB déplore l'absence de concertation au sujet du CITE

 

C'est pourquoi le président de la FFB Jacques Chanut a exprimé auprès du cabinet de François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, la "forte inquiétude des artisans et entrepreneurs sur le CITE et le RGE". Ainsi, l'organisation s'oppose à "l'exclusion des fenêtres et des chaudières performantes au fioul" et "déplore l'absence de concertation sur le sujet". Elle "devait s'ouvrir avec la publication d'un rapport Ademe-CSTB et qui reste une véritable Arlésienne à ce jour [lire notre article ici, NDLR]. La profession ne peut que dénoncer cette méthode".

 

 

Quant au RGE, Jacques Chanut affirmait récemment à Batiactu que la sortie des fenêtres et chaudières au fioul entraînerait la "mort" de ce label. Et pour cause : sur 70.000 qualifiés RGE, il y a 32.000 menuisiers... La crédibilité de cette marque qualité, souvent remise en cause, est censée être renforcée dans les mois à venir dans le cadre du plan de rénovation énergétique des bâtiments. Mais la FFB avertit : ces évolutions ne doivent pas se traduire par une "accumulation d'obligations en tous genres qui va créer un monstre de complexité et engendrer des coûts insupportables".

 

Un bonus-malus sur les logements entraînerait une "défiance générale"

 

Jacques Chanut a également exprimé son désaccord au vu du retour de formes "d'écologie punitive", à la suite des propos du ministre de la Transition écologique et solidaire concernant l'introduction de mesures "contraignantes" pour rénover les passoires thermiques - l'idée d'un dispositif de bonus-malus en fonction de la qualité énergétique d'un logement faisant son chemin depuis un an. "Une telle orientation entraînerait une défiance générale pour l'investissement immobilier, qui se traduira par un effondrement des marchés et donc de l'emploi", assure l'organisation professionnelle.

 

"Nous sommes totalement opposés à cette approche qui ignore les réalités du marché et des comportements", analyse Jacques Chanut. "On ne peut que déplorer une méthode qui consiste à fixer des objectifs ambitieux, pour ne pas dire irréalistes, à réduire dans le même temps les incitations, et enfin à constater la non atteinte des objectifs pour justifier une approche punitive."

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