Les avocats de l'association Sherpa, poursuivie en diffamation par le groupe Vinci pour l'avoir accusé de recourir au travail forcé sur ses chantiers au Qatar, ont demandé ce jeudi, un sursis de l'audience en attendant les résultats d'une enquête. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 27 septembre prochain.

Nouvelle péripétie dans l'affaire des chantiers au Qatar. Les avocats de l'association Sherpa, poursuivie en diffamation par le groupe Vinci pour l'avoir accusé de recourir au travail forcé sur ses chantiers au Qatar, ont demandé jeudi 23 juin, de surseoir à l'audience en attendant les résultats d'une enquête. En face, l'avocat du groupe Vinci et la procureure n'ont pas été opposés à cette demande.

 

 

Réclamation du sursis en invoquant l'article 35 de la loi sur la presse

 

En détails, les avocats de l'association Sherpa ont réclamé le sursis en invoquant l'article 35 de la loi sur la presse, qui prévoit que le délit de diffamation ne soit pas jugé tant que les poursuites commencées par le parquet sont à l'instruction. Finalement, le tribunal a mis sa décision en délibéré au 27 septembre 2016.

 

"Le débat de fond sur cette poursuite ne sera pertinent qu'à la lumière des résultats de l'enquête préliminaire", a fait valoir Me Léa Forestier, avocate de Sherpa, arguant que "tous les passages poursuivis par Vinci" visent des explications données aux médias sur l'objet de sa plainte.

 

"Nous ne prendrons pas le risque de ce mauvais procès."

 

De son côté, l'avocat de Vinci, Jean-Pierre Versini-Campinchi, a surpris l'auditoire en s'associant à cette demande, non sans avoir dénoncé "l'effet cataclysmique" des accusations "d'esclavagisme" de Sherpa.

 

Avant d'ajouter : "Si nous refusons le sursis, Sherpa va se répandre dans la presse pour dire que l'on se précipite par peur de la décision du parquet de Nanterre, qui doit survenir prochainement. Nous ne prendrons pas le risque de ce mauvais procès."

 

Rappelons que ce procès en diffamation s'inscrit dans le cadre de la riposte judiciaire déclenchée par Vinci contre Sherpa après sa plainte. Le groupe de BTP a ainsi déjà poursuivi l'association pour atteinte à la présomption d'innocence, en référé (procédure d'urgence) puis au fond, mais son action a été déclarée irrecevable dans les deux cas.

 

 

Le parquet de Nanterre avait ouvert une enquête préliminaire, après la plainte de Sherpa contre Vinci et sa filiale qatarie QDVC, déposée fin mars 2015. Plusieurs auditions seront menées en France, avait expliqué la procureure des Hauts-de-Seine, Catherine Denis, en avril 2015, dans l'optique de "vérifier les allégations" de l'association Sherpa, qui accuse notamment Vinci Construction Grands Projets (VCGP) de recourir au travail forcé de travailleurs migrants sur ses chantiers au Qatar. Les sites visés concernent notamment le projet de tramway de Lusail, du métro de Doha et celui du tronçon d'autoroute de 47 km, la New orbital Highway.

 

Parallèlement, le groupe Vinci avait engagé en 2015 des poursuites en diffamation contre le président de Sherpa, William Bourdon, devant le tribunal correctionnel de Paris.

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