Le conflit entre Bouygues Bâtiment et le gouvernement de Polynésie au sujet de l'hôpital de Papeete prend une nouvelle tournure avec l'occupation du chantier par quelque trois cents ouvriers et techniciens.

Quand le nouvel hôpital de Papeete verra-t-il le jour ? La question mérite d'être posée tant le conflit qui oppose le groupe Bouygues au gouvernement local prend de l'ampleur.

Mercredi 23 octobre, trois cents ouvriers et techniciens ont manifesté pour protester contre "les projets de licenciement de l'entreprise Bouygues Bâtiment et l'arrêt momentané des travaux ".

Ces ouvriers, qui occupent le chantier depuis le début de la semaine, veulent faire annuler la mise à pied de 140 d'entre eux et obtenir des assurances sur la poursuite des travaux.

Car ce chantier - le plus important qu'ait jamais connu Tahiti avec investissement de 300 à 335 millions d'euros - est bel et bien menacé d'interruption.

Avant même son premier coup de pioche, le 17 janvier 2001, ce chantier est déjà une source de polémique. L'Etat, en effet, qui devait en financer 80%, souhaitait alors que le dossier soit étoffé par des études complémentaires sur le coût et le fonctionnement. Piqué au vif, le gouvernement polynésien avait alors décidé de faire cavalier seul et de lancer les travaux avec un financement exclusivement territorial.

La donne ayant considérablement changée, le 8 juillet, le groupe Bouygues l'entreprise décide de porter le coup devant le tribunal administratif, en déposant non seulement un référé en demande d'expertise, mais surtout en saisissant le tribunal d'une demande de résiliation du marché.

Depuis, Bouygues Bâtiment estime que le projet doit être réétudié pour le 1er janvier 2003, son coût réévalué et demande l'autorisation d'employer de la main d'oeuvre étrangère.

De son côté, le gouvernement polynésien juge que les modifications du projet demandées sont mineures et ne devraient pas entraîner un ralentissement du chantier. Il ajoute avoir autorisé "de manière ponctuelle" l'utilisation de main d'oeuvre étrangère et avoir proposé un emploi dans les services territoriaux aux 140 employés menacés de licenciement.

Quant aux ouvriers polynésiens, ils refusent aussi bien les propositions de Bouygues Bâtiment d'aller travailler sur des chantiers extérieurs - Turkménistan, Cuba ou Nigeria - que celles d'intégrer les services territoriaux.

Le secrétaire général du Syndicat CSTP-FO Pierre Frébault a indiqué pour sa part que la procédure de licenciement avait été jugée "illégale par l'inspection du travail" et que "le tribunal administratif avait été saisi".

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