NF HQE, BREEAM, LEED : quelle est la certification la plus répandue en France. Réponse avec le dernier baromètre Green Soluce/France GBC.

"A six mois de la COP21, le 'green' est mis à toutes les sauces", déclare d'emblée Nicolas Régnier, le président de Green Soluce. "Mais a-t-on une progression du secteur de l'immobilier vert ?", s'interroge-t-il. Afin d'y répondre, le cabinet de conseil en immobilier et développement durable a élaboré une seconde édition de son Baromètre de la Certification environnementale avec France GBC, se focalisant sur le tertiaire.

 

Jean-Eric Fournier, directeur du développement durable à la Foncière des Régions, explique : "Les certifications poursuivent leur croissance en Grande-Bretagne et en France et s'accélère même en Allemagne. Les certifications de l'exploitation progressent et on assiste à l'apparition de nouveaux labels spécialisés comme Well ou BiodiverCity". Nicolas Régnier renchérit : "La répartition des certifications dans le tertiaire est la suivante : HQE (86 %), BREEAM (11 %) et LEED (3 %). La prépondérance de HQE en France est nette et évidente. Mais par type d'activité, la répartition est un peu différente. Pour les commerces, HQE est un peu moins représenté (71 %), au profit de BREEAM (21 %). En rénovation aussi, la part d'un tiers des certifications anglo-saxonnes est significative". "Le degré d'exigence est très différent entre les certifications. Tel ou tel label en rénovation n'est pas forcément aussi pointilleux que le HQE Rénovation", analyse Etienne Crépon, le président du CSTB.

HQE plus exigeant que ses concurrents ?

La moitié des opérations certifiées LEED, par exemple, atteindraient la note maximale, ce qui semblerait indiquer que les niveaux de performances seraient moins hauts. "Mais il faut également avoir en tête que très peu d'opérations choisissent cette certification, seulement 23 en 2014. En revanche, on voit globalement que pour BREEAM et HQE une performance 'moyenne' est plus fréquente", note le président de Green Soluce. La multi-certification ne concerne que 11 % des bureaux. Le plus souvent il s'agit d'une double certification HQE+BREEAM (72 % des cas) ou HQE+LEED (28 %), la triple certification restant anecdotique (un cas unique en France). Jean-Eric Fournier détaille : "HQE est toujours dans le couple d'une double certification. L'intérêt c'est de pouvoir se comparer aux autres, et cette certification parle à tout le monde en France, y compris aux collectivités locales".

 

Concernant la certification de bâtiments en exploitation, la proportion est également différente : "HQE Exploitation et BREEAM in Use se répartissent le marché moitié-moitié, tandis que LEED-EB O&M est quasi-inexistant", annonce Nicolas Régnier. L'explication ? "BREEAM in Use est plus léger à gérer, il n'y a pas de contrôles intermédiaires. Il est moins pesant que HQE Exploitation", formule Jean-Eric Fournier. Une hypothèse que partage le président du CSTB, Etienne Crépon, qui concède : "C'est une certification récente et elle ne bénéficie donc pas de l'avantage d'une certification 'historique'. Et le degré d'exigence est peut-être trop important, avec des degrés de contrôle trop élevés". Des aménagements ou l'émergence d'une version allégée, plus "user friendly", seraient envisagés.

La certification a toujours un temps d'avance

Les certifications apparaissent donc bien comme des démarches volontaires afin d'atteindre des performances supérieures à celles de la réglementation, soumises aux lois du marché. "La réglementation est une garantie de mise en application d'une volonté politique. Elle est complexe et rédigée par des technocrates. Je parle en connaissance de cause", résume avec malice Etienne Crépon. "Les certifications sont donc des outils qui permettent aux producteurs de se différencier. Elles ont un objectif radicalement différent de la réglementation. Souvent d'ailleurs, pour faire une évolution réglementaire, les fonctionnaires regardent ce que les acteurs économiques ont identifié comme pistes de progrès. Le meilleur exemple est la RT2012, fortement inspirée du label BBC. La certification est donc, globalement, l'anticipatrice des réglementations futures, et permet de prendre un temps d'avance", conclut-il.

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