La flambée des prix a été suffisamment importante ces dernières années pour que la Banque centrale européenne (BCE) décide de surveiller "de près" cette évolution.

"Les taux de croissance des prix de l'immobilier résidentiel en zone euro sont actuellement proches de leur plus haut niveau depuis le début des années 1990", souligne l'institut monétaire dans son dernier rapport mensuel de conjoncture.
L'an dernier, ils ont progressé en moyenne de 7,2%, selon les calculs de la BCE, après avoir déjà crû à un rythme compris entre 6 et 7% au cours des trois années précédentes.

En tête du palmarès: l'Espagne, l'Irlande, le Luxembourg et les Pays-Bas. "Les dernières indications disponibles pour 2004 confirment la tendance à une forte hausse des prix en Espagne et traduisent une nouvelle accélération en France et en Finlande", souligne la banque centrale.

Illustration: en France, au deuxième trimestre, les prix de l'immobilier ancien ont grimpé de 15,4%, selon la Fédération nationale des agents immobiliers (FNAIM). Et sur les six dernières années, ils ont progressé de 86,9%.

En Espagne, le prix moyen des logements neufs a plus que doublé en cinq ans et encore bondi de 16,5% au 2ème trimestre, selon le cabinet spécialisé Tinsa.Cette inflation constatée dans certains pays "doit être surveillée de près (...) compte tenu de son impact potentiel sur leurs économies et sur la zone euro dans son ensemble", ajoute-t-elle.
"L'évolution des prix de l'immobilier résidentiel constitue un facteur important à prendre en compte" pour la définition de la politique monétaire de la BCE, affirme la banque.
Elle semble ainsi répondre à ceux qui lui reprochent de ne pas suffisamment faire attention aux prix des actifs, dans sa lutte contre l'inflation, et de trop se focaliser sur le seul indice des prix à la consommation en zone euro (IHPC).
Les prix de vente de l'immobilier ne sont pas inclus dans cet indice. Mais, ainsi que le souligne la BCE, ils influent sur les prix des loyers qui eux en font partie.
De surcroît, ils peuvent avoir une incidence à la fois "sur la consommation des ménages, par le biais des effets de richesse" et sur la demande de prêts bancaires, ajoute l'institut.

En affichant sa détermination à surveiller ce secteur, la BCE se rapproche de la stratégie suivie par d'autres grandes banques centrales, comme celle d'Angleterre ou des Etats-Unis, qui accordent aux prix des actifs une place de premier choix.

En Angleterre, la banque centrale a relevé à cinq reprises le niveau de son taux d'intérêt directeur depuis novembre dernier, afin notamment d'empêcher que la bulle immobilière dans le pays continue de gonfler. La situation en Grande-Bretagne est spécifique dans la mesure où la plupart des emprunts immobiliers sont souscrits à taux variables.

Cela signifie-t-il pour autant que la BCE va réagir de la même manière? Les économistes jugent ce scénario encore improbable, en raison de l'impact négatif qu'un durcissement monétaire prématuré aurait sur une croissance économique toujours fragile en zone euro.

L'an dernier, le chef économiste de la BCE, Otmar Issing, avait lui-même jugé que "même dans le cas d'une valorisation extrêmement élevée des actifs, jugée non soutenable sur la durée, les arguments sont légion pour dire qu'une banque centrale ne devrait pas essayer de faire éclater la bulle". Il plaidait en revanche pour la prévention.

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