L'attrait des géants européens de l'énergie pour le marché nucléaire britannique, en pleine phase de relance, se confirme : le groupe British Energy (BE), qui possède et exploite la plupart des sites nucléaires du Royaume-Uni, a reçu plusieurs offres de rachat.

«La compagnie a reçu une série de propositions de plusieurs parties qui veulent faire une offre complète sur le groupe», et «cela inclut des propositions plus élevées que le cours de clôture du 15 mai», qui est de 680 pence par action, a indiqué British Energy, sans dévoiler le nom des candidats à son rachat.

Selon l'agence Thomson Financial News, l'espagnol Iberdrola ferait partie des intéressés, en plus d'EDF, qui aurait déjà selon la presse britannique déposé en fin de semaine dernière une offre pour le groupe nucléaire, détenu à 35,2% par le gouvernement. Parmi les autres candidats supposés figurent l'allemand RWE et le britannique Centrica. Aucun n'a fait de commentaires.

En revanche, le français Suez, qui possède deux centrales en Belgique depuis le rachat d'Electrabel, et des participations dans deux autres en France, a démenti avoir fait une offre, après avoir déjà laissé entendre le mois dernier qu'il n'était pas candidat pour le moment, étant déjà pleinement occupé à boucler son rapprochement avec Gaz de France.

L'annonce a fait bondir l'action du groupe, coté à la Bourse de Londres. Vers 12h00 GMT, elle s'envolait de 6,69% à 725,50 pence, signant l'une des plus fortes hausses de la place. Il faut dire qu'elle a de quoi rassurer les investisseurs, alors que la presse britannique avait indiqué récemment qu'EDF pourrait s'avérer le seul candidat. Le Français fait figure de grand favori depuis le début, et aurait fait une offre à un prix bas.

Mais British Energy, qui vaut plus de 10 milliards de livres (12,5 milliards d'euros) a semble-t-il réussi à mettre en valeur ses atouts, pour attirer d'autres prétendants. Jusque-là peu connu en dehors des frontières du Royaume-Uni, le groupe fait en effet figure de sésame du marché nucléaire Britannique. En effet, il possède et exploite huit des dix centrales nucléaires civiles encore en activité dans le pays (les deux restantes, détenues par le groupe public BNFL, sont promises à la fermeture d'ici 2010), qui assurent un cinquième de l'électricité produite au Royaume-Uni.

Les centrales de BE sont elles aussi vieillissantes, leur fermeture étant programmée entre 2014 et 2035, mais le gouvernement avait annoncé début janvier sa volonté de lancer la construction d'une nouvelle génération de réacteurs.

Tout le gratin européen et mondial de l'énergie (dont EDF et Areva) s'est mis sur les rangs pour participer à cette renaissance du nucléaire «Made in UK». Or les sites déjà exploités par British Energy pourraient tout naturellement accueillir les futures centrales atomiques, et celui qui mettra la main sur le groupe obtiendra donc en quelque sorte les clés du royaume.

Le gouvernement de Gordon Brown aura son mot à dire, puisqu'il détient 35,2% de BE. En mars, le ministre chargé de l'Energie, John Hutton, avait laissé entendre qu'il était prêt à céder cette part, pour favoriser la relance de cette forme d'énergie controversée. BE a indiqué qu'il allait discuter des propositions reçues avec leurs auteurs et qu'il faudrait attendre «plusieurs semaines» avant que ce processus ne débouche sur un éventuel accord.

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