Bouygues Bâtiment Ile-de-France, dénoncé par des travailleurs sans-papiers et des associations la semaine dernière, a indiqué mercredi que les papiers des personnes qui avaient évoqué leurs conditions de travail sur le chantier de l'Assemblée nationale étaient bien en règle à l'époque de cette mission. Au même moment, un autre chantier parisien squatté par des travailleurs sans-papiers a été évacué.

Après la conférence de presse donnée le 13 janvier par différentes associations et syndicats, où plusieurs travailleurs sans-papiers ayant œuvré au chantier de l'annexe de l'Assemblée nationale avaient évoqué leurs conditions de travail sur ce chantier, Bouygues Bâtiment Ile-de-France a déclaré avoir «vérifié méticuleusement les dossiers de chacune des personnes qui se sont exprimées publiquement» et réplique par voie de communiqué.

 

Selon l'entreprise, les trois personnes qui ont pris la parole le 13 janvier travaillaient pour le compte de sociétés sous-traitantes de Bouygues Bâtiment Ile-de-France, et leurs papiers étaient «parfaitement valides pendant l'intégralité de la durée de leur mission», et qu'elles ont été payées «conformément au taux horaire légal imposé par la convention collective du bâtiment en fonction de leur niveau de qualification». En outre, le groupe indique que «ces trois personnes se sont présentées sous d'autres noms lors de la conférence de presse. (…) Elles auraient donc usurpé l'identité utilisée vis-à-vis de leur employeur».

 

Bouygues Bâtiment Ile-de-France rappelle enfin qu'elle «met en œuvre pour lutter contre la présence de travailleurs en situation irrégulière sur ses chantiers», mais que certaines fraudes, telles que les faux papiers et les usurpations d'identité, restent difficiles à détecter.
«L'embauche de travailleurs en situation irrégulière exposerait l'entreprise à de graves sanctions. (…) Si l'Assemblée nationale décide de mettre en place une Commission d'enquête parlementaire, Bouygues Bâtiment Ile-de-France se tiendra à sa disposition. L'entreprise souhaite que les missions de cette commission soient étendues à l'ensemble des professions de la construction», indique le groupe.

 

Un autre chantier évacué
Dans le même temps, soixante-trois travailleurs sans-papiers en grève qui occupaient depuis mi-octobre le chantier de l'ancien hôtel Majestic à Paris pour appuyer leur demande de régularisation ont été évacués par la police mercredi. Cette occupation faisait partie d'un large mouvement entamé le 12 octobre dernier par les sans-papiers, avec le soutien de onze associations et syndicats et qui mobilise actuellement quelque 6.000 grévistes. «Les grands donneurs d'ordre du BTP s'énervent», a estimé Francine Blanche, secrétaire confédérale de la CGT, interrogée par l'AFP, avant de rappeler que l'entreprise Adec, chargée du chantier de démolition de l'hôtel, «est un sous-traitant du groupe de construction Bouygues». Selon elle, «il faut que ces salariés sans papiers soient protégés car ils ont fait leur boulot, les délinquants ce sont ceux d'en face, les donneurs d'ordre».

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