Forts des résultats d'une étude sur le secteur du biogaz en France, les professionnels de la filière souhaitent poursuivre leur structuration et le développement de cette énergie renouvelable. Ensemble, ils constatent une montée en compétence, une meilleure adaptation des matériels et une optimisation des charges d'exploitation qui rendent les projets plus intéressants. Détails.

Le biogaz, ce gaz issu de matériaux organiques valorisés, est une énergie locale prometteuse. Selon l'Ademe, le potentiel national s'élèverait à 56 TWh mobilisables en 2030, à 90 % issus du monde agricole, ce qui permettrait d'alimenter près de 3 millions de foyers. Les professionnels de la filière, qui souhaitent développer cette source renouvelable, ont mandaté le cabinet E-Cube Strategy Consultants pour réaliser une étude identifiant les freins à lever pour y parvenir.

 

Les auteurs expliquent : "La France a fait le choix d'une filière traitant en priorité des déchets et sous-produits, avec pour corollaire une très grande diversité des intrants alimentant les unités qui rend la méthanisation complexe et nécessite une phase d'apprentissage de la part des acteurs positionnés tout au long de la chaîne de valeur. Cette spécificité pourra également être source d'une grande richesse". Le rapport liste des difficultés techniques et opérationnelles : des équipements non adaptés aux approvisionnements et des problèmes de conception entraînant des dysfonctionnements, des pannes et des arrêts de la cogénération liés à des coupures de réseau et à un manque de fiabilité de certains matériels, ou encore des difficultés d'approvisionnement en matières premières complémentaires.

 

Des investissements à ne pas sous-estimer

 

D'un point de vue réglementaire, l'étude signale que les démarches "longues et complexes, ralentissent le développement des projets", même si certaines évolutions comme le permis unique pour la construction et l'exploitation ont été récemment proposées. Economiquement, des écarts parfois importants, ont été constatés entre le montant réel des investissements et le montant initialement estimé : 65 % des sites afficheraient une rentabilité inférieure au plan contre 19 % une rentabilité conforme. Ici encore, trois explications sont avancées : des difficultés techniques et opérationnelles en exploitation avec diminution de la production de biogaz, une baisse de recettes sur les redevances déchets et sur la valorisation de chaleur, ou une sous-estimation des charges de conduite et de maintenance des installations.

 

Des constatations qui permettent aux professionnels d'envisager des pistes d'amélioration pour leurs futurs projets. Les auteurs estiment que "les retours d'expérience ont permis de préciser l'économie réelle des projets", avec des investissements revus à la hausse afin de mieux équiper les sites et répondre à l'hétérogénéité des intrants et de répondre aux contraintes réglementaires (ICPE, agrément sanitaire, épandage). Le Comité national du Biogaz, qui pilote la filière, estime que méthanisation est encore jeune et qu'elle poursuit une phase d'apprentissage, avec montée en compétence des acteurs et adaptation des matériels. Il souligne : "A ce jour, le soutien public est encore insuffisant pour accompagner le décollage (…) les acteurs attendent avec impatience les nouvelles mesures de soutien, en cours de discussion". Ils appellent à la mise en place de mécanismes de simplification et d'homogénéisation des procédures, d'intégration aux réseaux et de soutien à la R&D. De quoi répondre aux enjeux énergétiques fixés par la loi de transition où le biogaz doit prendre une place non négligeable.

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