Le secrétaire d'Etat aux programmes immobiliers de la justice, Pierre Bédier, qui souhaite restaurer l'autorité de l'Etat par l'architecture, a inauguré le nouveau palais de Besançon, rénové l'architecte Henri Gaudin.

"Au total, 1,2 milliard d'euros seront affectés, sur 5 ans, à la construction et à la rénovation des palais de justice" a déclaré Pierre Bédier dans une communication au Conseil des ministres du 26 février. Outre le besoin urgent de rénover certains sites en très mauvais état, le secrétaire d'Etat souhaite, "par l'architecture, de donner à l'institution la dimension symbolique qui participe de la nécessaire représentation de l'autorité de l'Etat républicain".

Le grand chantier du ministère sera la création d'un nouveau tribunal de grande instance à Paris avec la création d'un établissement public mais Pierre Bédier à choisi de lancer son programme en inaugurant le nouveau Palais de Justice de Besançon, dont la rénovation avait toutefois été décidée par le précédent gouvernement.A l'étroit dans son prestigieux bâtiment renaissance, le Palais de Justice de Besançon s'est en effet enrichit d'une extension conçue par l'architecte Henri Gaudin. A partir du mois de mars, toutes les juridictions, tribunaux d'Instance, de Grande Instance, de Commerce et la Cour d'Assises du Doubs rejoindront progressivement le nouveau Palais de justice comme le prévoyait le schéma directeur départementale voté en 1991.

D'une surface de 10.000 m2, l'extension, dont le chantier a débuté en 1999, prolonge le bâtiment historique des XVe et XVIe siècles où plane l'ombre de Julien Sorel, le héros du "Rouge et le noir", dont Stendhal avait situé le procès entre ces murs.

Dans le droit axe de l'ancienne entrée (nord), monumentale, le public est désormais accueilli par la porte de l'ancienne école de l'Arsenal (sud), coiffée par l'architecte de fines colonnes classiques. Car le projet d'Henri Gaudin repose sur l'idée d'une "arche d'alliance". "Il y a là, une volonté symbolique de signifier davantage une hospitalité, que l'Autorité de la Loi, au jeu de colonnes habituelles on substitue une forme de conciliation. C'est un passage qui est signifié, un élancement, un signe d'alliance. C'est aussi la métaphore de la conciliation d'une architecture ancienne remarquable avec notre modernité".

En écho à cette vision, les travaux menés dans le corps de logis de l'école ont permis de découvrir des arcs datant du moyen âge, sous lesquels on pénètre dans une vaste cour-atrium. "Ici, explique Henri Gaudin, j'ai voulu respecter l'architecture de Besançon, ses cours intérieures remarquables, les escaliers qui s'y déploient jusqu'aux galeries, le rythme musical des façades: des fenêtres jouées tantôt "appuyées", tantôt en pizzicati. Nous avons aussi utilisé cette pierre bicolore bleue et rose, si singulière de cette ville".

En haut du parvis en pente douce, la fameuse "arche" embrasse toute la façade, se prolonge en arcs sur les ailes latérales du bâtiment et jusque dans la forme des bassins, sous lesquels -deuxième coïncidence-, les archéologues ont découvert l'empreinte d'une fontaine romaine.

Sous son aile, se déploie la salle des pas perdus, dallée de pierre noire, avec en contrepoint des murs aux enduits clairs, où viendront s'incruster les mosaïques romaines découvertes lors de fouilles d'archéologie préventive qui se sont prolongées pendant neuf mois.

Dans les salles d'audience, les murs sont en lambris de chêne, bois clair aux teintes chaudes, les sols en parquets, les plafonds recouverts de bois. Des étages supérieurs, la vue s'ouvre largement sur le dôme de l'hôpital et les toits de Besançon auxquels répondent les tuiles du tribunal.

"Je souhaitais l'harmonie, conclut l'architecte. Que ce bâtiment s'inscrive dans la ville sans faire de bruit. Une chose belle est d'abord muette".

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