La mauvaise qualité d’un béton produit entre mars et juillet 2004 dans la vallée de la Maurienne serait à l’origine de l’effritement des fondations de nombreux bâtiments. Béton Rhône-Alpes, du groupe Vicat, est mis en cause, selon un document de la direction départementale de l’équipement (DDE). Des experts donnent leur avis.

Coup dur pour Vicat ! Sa filiale Béton Rhône Alpes (BRA, groupe Vicat) – qui a utilisé, entre mars et juillet 2004, dans ses centrales à béton de Saint-Jean-de-Maurienne et de Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie) des granulats provenant des descenderies du futur tunnel pour la LGV Lyon-Turin – est mise en cause dans un problème de malfaçons dans du béton, selon un document émanant de la direction départementale de l'équipement (DDE) de Savoie.

Selon ce document, des analyses chimiques ont révélé la présence sulfate potentiellement réactif (anhydrite) dans les bétons incriminés. Or, pour le CSTB, contacté par Batiactu : «Il s’agit d’une réaction classique. Les sulfates, comme le gypse ou l’anhydrite, peuvent réagir en présence d’humidité avec les aluminates du ciment et entraîner la formation d’ettringite et d’une expansion». Ce qui peut, à retardement, provoquer la formation de fissures et des effritements. Et ce, à retardement !
Si à ce jour, l’origine du problème est encore inconnue –est-ce que les déchets des travaux du tunnel en contenaient ? ce gypse a-t-il été rajouté au cours de manipulations ?–, d’aucuns affirment que la présence de gypse et d’anhydrite dans un certains nombre de roches de Maurienne est connue. Et les granulats utilisés pour le béton doivent répondre à des normes (cf. norme XP P18540 , Granulats, définition, conformité, spécifications). D’après Bernard Titz, porte-parole de la société BRA : «Il semble que des granulats ont été pollués à l'occasion d'une manipulation par du gypse. Le groupe BRA reconnaît qu'il a une part de responsabilité dans cette malfaçon». Et d’ajouter : «Une enquête est en cours et le groupe assumera ses responsabilités mais il est important de souligner qu'aucun ouvrage d'art n'a été construit avec ce béton».
Des bâtiments sont néanmoins touchés ! L’accès a ainsi été interdit à une série de chalets neufs dans la station de ski de Valmeinier (Savoie) et des problèmes ont également été identifiés à Valloire, à Saint-Jean-de-Maurienne et à Saint-Michel-de-Maurienne. Autre cas : 14 remontées mécaniques «ont été construites en 2004 en employant en totalité ou partiellement du béton fourni par BRA», selon le rapport de la DDE. Bernard Titz se veut néanmoins rassurant : «Nos centrales ont produit 15.000 mètres cubes de béton pendant la période et seule une partie de ce béton était polluée».
Quant aux solutions, elles sont radicales ! «Il n’y a pas de recours. Le ver est dans le fruit, explique un expert du secteur. La réaction se poursuit. Il n’existe pas de solution pour l’extraire : il faut détruire». Affaire à suivre.

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