CONJONCTURE. Les notaires du Grand Paris estiment à 22% la baisse des centes au premier trimestre 2020 en Ile-de-France. Un chiffre qui ne prend donc en compte que le début du confinement. Pour Michel Platero, président de la Fnaim du Grand Paris, il se pourrait que la reprise se fasse très rapidement.

Le marché français du logement ancien s'est heurté à la crise du coronavirus avec une chute logique des ventes, mais les prix ont poursuivi leur hausse et il faudra des mois pour qu'ils reflètent les bouleversements actuels. C'est la conclusion que tirent les notaires des chiffres du premier trimestre 2020, rendu publics le 28 mai. "Il ne s'est rien passé pendant deux mois, (...) on ne pourra pas les rattraper", a résumé, en substance, le notaire parisien Thierry Delesalle. Pour 2020, "on peut s'attendre à une baisse de 150.000 transactions sur l'ensemble de la France", a-t-il avancé, ce qui représenterait une chute de 15%.

 

Les notaires d'Île-de-France enregistrent, eux, un recul de 22% des ventes au premier trimestre. "On peut penser qu'il y a une baisse de 90% (...) des actes de vente" pendant le confinement, a rapporté Thierry Delesalle. Si la chute des ventes est une certitude, l'évolution des prix reste justement une inconnue majeure. Ils ont, pour l'heure, poursuivi leur hausse et l'ont même accélérée. Entre janvier et mars en effet, leur niveau moyen a progressé de 5% par rapport à un an plus tôt, une progression générale entre maisons et appartements.

 

Mais ces variations ne disent rien des effets potentiels du confinement et, au-delà, de la crise. Ils traduisent des négociations effectuées bien en amont entre acheteurs et vendeurs. Même actuellement, "les promesses que nous signons, c'est encore le rattrapage de (négociations) qui étaient faites en mars", a prévenu le notaire. "On est encore un peu sur les anciens prix. Les nouveaux prix, ça sera plus sur le troisième trimestre".

 

Impacts de long terme inconnus

 

"La violence du choc subi par notre économie, l'impossibilité de connaître les impacts en cascade sur les entreprises et les ménages ainsi que la fragilité persistante de notre situation sanitaire inscrivent le marché immobilier dans une équation à de nombreuses inconnues", écrivent les notaires du Grand Paris dans un communiqué. Cependant des facteurs de résilience persistent : "le confinement a confirmé l'importance d'être bien logé, la valeur-pierre constitue toujours un facteur de sécurité sans concurrent ; enfin, l'abondance de liquidités laisse espérer des taux d'intérêts encore attractifs".

 

S'"il est encore trop tôt pour se prononcer sur la façon dont la sortie du confinement va se traduire sur l'activité", le Syndicat national des professionnels de l'immobilier (SNPI) et le Conseil supérieur du notariat (CSN) appellent, le même jour, à "une relance rapide de l'activité afin de permettre le rebond attendu du marché de l'immobilier dans les meilleures conditions qui soient". Ils demandent aux pouvoirs publics d'"assouplir les restrictions de circulation, indispensables aux recherches de biens". Ils conseillent de "ne pas entraver la reprise à venir par des mesures fiscales d'augmentation des droits d'enregistrement". Enfin, ils suggèrent aux collectivités territoriales de "faciliter le processus des ventes en automatisant et en traitant en urgence les demandes d'autorisation de permis de construire, et la purge des droits de préemption".

 

Rendez-vous en octobre

 

Contacté par Batiactu, Michel Platero, président de la Fnaim du Grand Paris, estime que "les transactions ne vont pas s'arrêter, il y a eu un coup de frais sur les signatures, mais les gens vont se rattraper. Ceux qui avaient besoin de déménager auront toujours besoin". De même, il ne voit pas les prix s'effondrer, "dans une région où il y a tellement plus de demande que d'offre". Il distingue toutefois Paris et la première couronne d'un côté, très tendue, et la deuxième couronne de l'autre, qui l'est un peu mois.

 

Michel Platero invite à attendre la rentrée pour connaître l'impact réel. "Il faut attendre octobre ou novembre pour le savoir. Aujourd'hui, le point est positif". "C'est une crise exceptionnelle", ajoute le président de la Fnaim du Grand Paris. "Nous sommes déjà dans la reprise, et il est possible que l'on en parle plus au mois d'octobre".

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