ÉCONOMIE. La reprise économique se confirme également pour les artisans du bâtiment de la région Auvergne-Rhône-Alpes, mais la prudence reste de mise au vu des difficultés d'approvisionnement en matériaux et de la flambée des prix qu'elles engendrent. Plus que requinquée, l'activité locale s'avère même en tension, avec en plus des problèmes de recrutement persistants.

Deuxième région française de par sa population et sa production de richesses, l'Auvergne-Rhône-Alpes bénéficie elle aussi de la reprise économique postérieure à la crise du Covid. Les artisans du bâtiment y enregistrent un niveau d'activité particulièrement satisfaisant et encourageant, selon une étude de conjoncture réalisée par l'antenne régionale de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) et portant sur le 2e trimestre 2021. Mais l'évolution de la situation sanitaire étant toujours très incertaine avec la nouvelle vague de contaminations due au variant Delta du coronavirus, sans compter des problèmes économiques déjà largement palpables, les professionnels se veulent prudents pour les prochains mois.

 

 

L'activité varie selon les corps d'état et les départements

 

D'après les chiffres de l'enquête, l'activité économique du secteur de la construction a engrangé 7 points entre avril et juin en comparaison aux trois mois précédents. Un peu plus de la moitié (52%) des chefs d'entreprises interrogés affirme même enregistrer "un bon, voire un très bon (15%) niveau d'activité", particulièrement les carreleurs, les plâtriers-peintres et les entreprises d'isolation, et dans les départements de l'Allier, de l'Isère et du Cantal. Tout n'est cependant pas rose pour autant puisque 22% des entreprises indiquent continuer à rencontrer des difficultés, soit 1 point de plus qu'entre janvier et mars. Cette situation délicate s'observerait notamment chez les serruriers-métalliers, les couvreurs-zingueurs, les charpentiers, les agenceurs-cuisinistes, et dans les départements de Savoie, de Haute-Savoie et de la Drôme.

 

Malgré cela, les carnets de commandes des artisans de la région se portent bien, dans la mesure où 59% d'entre eux déclarent avoir une visibilité supérieure à 3 mois, ce qui représente une hausse de 9 points. "Un indicateur qui témoigne du dynamisme du marché mais aussi d'une certaine tension avec des délais d'attente parfois longs pour répondre à la demande des clients", nuance la Capeb Auvergne-Rhône-Alpes. D'autant que 10% des entreprises interrogées connaissent encore une situation difficile, avec une visibilité inférieure à 1 mois.

 

"30 à 80%" de hausses de prix sur certains produits

 

Les inquiétudes commencent en outre à poindre sur la rentabilité des sociétés. Certes, leur trésorerie "semble se reconstituer" et revenir progressivement à son niveau d'avant-crise : 34% des artisans considèrent avoir "un bon, voire un très bon niveau de trésorerie". Mais les marges, elles, se sont "considérablement dégradées" durant le 2e trimestre, 50% des sondés subissant une baisse (et 46% connaissant une stabilité), soit un bond de 15 points en comparaison au début de l'année.

 

Ce qui amène donc les professionnels à s'interroger sur la rentabilité de leurs chantiers, les difficultés d'approvisionnement en matériaux et la flambée des prix qu'elles engendrent étant bien sûr dans toutes les têtes (38% les perçoivent comme une problématique majeure). "30 à 80%, ce sont les hausses de prix que l'on constate sur l'acier, le plastique, le cuivre, l'aluminium, le bois et la peinture", confirme Dominique Guiseppin, à la tête d'une entreprise savoyarde de peinture et président de la Capeb Auvergne-Rhône-Alpes, qui compte 80.000 adhérents réalisant un chiffre d'affaires annuel de 10,5 milliards d'euros. "Difficile alors de se réjouir de l'embellie du niveau d'activité observée, si les entreprises ne peuvent assurer les chantiers faute de matériaux ou de rentabilité."

 

14% des entreprises encore confrontées au travail dissimulé

 

 

Enfin, les intentions de recrutement des artisans de la région se heurtent aux habituelles difficultés d'embauche. Un chef d'entreprise sur deux a effectivement "des perspectives de recrutement" - plus précisément, 25% envisagent d'embaucher et 25% sont encore un réflexion -, soit un gain de 6 points en trois mois. Ils sont 59% à plébisciter les contrats à durée indéterminée, 33% les contrats d'apprentissage, 21% les contrats à durée déterminée et 7% les contrats intérimaires. Mais ils sont aussi, dans le même temps, 22% à devoir composer avec des difficultés diverses, parmi lesquelles "un manque de main-d'oeuvre qualifiée", un constat qui demeure "une préoccupation forte" pour la filière.

 

Bien que moins médiatisés, deux autres sujets sont abordés dans l'enquête : d'abord la concurrence, qui semble se stabiliser et rester locale, même si 16% des artisans (-4 points) la considèrent comme "présente et forte", 40% la jugeant "moyenne" (+2 points) ; puis le travail dissimulé, en stagnation lui aussi, avec encore 14% des entreprises étant confrontées à cette pratique de concurrence déloyale.

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