Confort, bien-être, cocooning? la tendance est à la quête d'un logement agréable à vivre, le tout dans le respect de l'environnement. Comment les automatismes peuvent-ils allier confort et développement durable ? Entretien avec Mireille Jandon, ingénieur au sein du département «développement durable» du CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment).

La notion de confort intervient de plus en plus dans les attentes des occupants. Jusqu'où s'étend aujourd'hui cette notion ?
Mireille Jandon : Nous parlons aujourd'hui de plus en plus de confort global, contrairement à il y a encore quelque temps où l'on parlait davantage de confort thermique. En effet, comme les performances sont grandissantes sur le plan du chauffage, notamment grâce à l'amélioration de l'enveloppe même des bâtiments, la demande s'est aujourd'hui élargie à d'autres domaines comme le confort visuel, acoustique ou olfactif, mais aussi au confort moral comme la sécurité, la santé?

Comment, dans ce cadre, la notion de bâtiment intelligent a-t-elle évolué ?
Mireille Jandon : Cette notion est un peu galvaudée et prête à beaucoup de commentaires. Les attentes concernent d'une part un bâtiment à vivre, agréable, où l'on se sent bien et en sécurité. Mais certains attendent également davantage d'automatismes avec, par exemple, une adaptation du fonctionnement des équipements de la maison (éclairage, protections solaires, alarmes) à la présence des occupants, même si cela reste encore assez marginal. Néanmoins, tout porte à croire que ce marché pourrait décoller dans le sens où l'informatique et l'électronique apportent des solutions mûres. Le développement des capteurs, des réseaux sans fil, le taux d'équipement croissant d'ordinateurs dans les foyers sont également des vecteurs favorables au développement de la domotique.

Les automatismes peuvent-ils participer au développement durable ?
Mireille Jandon : Tout d'abord, il convient de définir ce qu'est un logement durable. Un logement durable doit intégrer tout d'abord la maîtrise de l'impact du bâtiment sur l'environnement extérieur. Cela passe notamment par la baisse de la consommation du logement, l'objectif fixé par l'état français pour répondre au protocole de Kyoto étant de diviser la consommation des bâtiments par quatre. Nous travaillons donc d'abord sur l'enveloppe, sur les matériaux innovants, par exemple à changement de phases, et sur les systèmes de chauffage performants, comme les chaudières basse consommation'
Mais bien sûr, pour améliorer les performances de l'ensemble, les automatismes ont un rôle important à jouer. Par exemple, en cas d'absence de l'occupant, ils vont permettre de baisser automatiquement le chauffage, d'éteindre la lumière et donc permettre de diminuer les consommations d'énergie sans nuire au confort de l'usager. Nous cherchons donc des moyens pour baisser ces consommations en offrant des solutions alternatives, par exemple en utilisant les énergies renouvelables là où se trouve le besoin. Ainsi, nous pouvons très bien imaginer un capteur équipé d'une cellule photovoltaïque qui, en fonction de l'ensoleillement, va permettre de remonter ou de baisser les stores afin de limiter la consommation en chauffage en hiver et d'améliorer le confort en été.
Autre aspect important, les automatismes peuvent favoriser le maintien à domicile des handicapés et des personnes âgées, en facilitant les gestes de la vie quotidienne : ouverture et fermeture d'une porte, d'une fenêtre ou d'un volet mais aussi permettant la détection des chutes'
Au CSTB, ces travaux sont menés en relation avec des sociologues de manière à apporter une réponse qui ne soit pas uniquement technique mais qui prennent en compte les besoins des usagers.

Qu?est-ce que ces notions de domotique et de développement durable impliquent pour les professionnels du bâtiment ?
Mireille Jandon : Nous menons une réflexion globale sur tous le processus d'élaboration du bâtiment. Il s'agit non seulement de bien penser le bâtiment mais aussi de suivre et de contrôler toutes les étapes depuis l'élaboration du cahier des charges jusqu'à la phase d'exploitation afin d'obtenir un bâtiment conforme aux souhaits du maître d'ouvrage et qui atteigne les performances attendues. Une attention particulière est portée à la phase de mise en oeuvre : l'installation et le réglage des systèmes d'automatismes étant une des causes de dysfonctionnement, ce phénomène est amplifié par le recours à la sous-traitance. Pour cela des formations démarrent. Par exemple, l'UCF a mis en place une formation pour les installateurs-chauffagistes sur le sujet. Nous développons également des travaux de recherche aux niveaux national et international comme « Quel processus mettre en oeuvre pour obtenir un bâtiment performant ? », ou «Quels outils développer pour chacun des acteurs du bâtiment ? ». De même, les industriels essaient aujourd'hui de prendre en compte toute cette partie mise en oeuvre en travaillant sur la simplicité d'installation, de réglage et d'utilisation de leurs systèmes.

Existe-t-il aujourd'hui des exemples de construction réussies dans ce domaine ?
Mireille Jandon : Nous voyons de plus en plus apparaître des opérations « pilote ». Parmi ces opérations, on remarque que le secteur du logement social se penche sur le logement durable et l'utilisation des automatismes pour faciliter la gestion et améliorer le confort des logements. Aujourd'hui, nous essayons donc de développer des concepts qui vont permettre d'aller au-delà de la démonstration. Les exemples devraient donc fleurir dans le secteur du neuf comme en rénovation.

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