EMPLOI. La veille de l'entrée en vigueur des nouvelles mesures de l'assurance chômage, édictées par les ordonnances Travail de l'été 2017, le président de l'association GSC, Anthony Streicher, revient pour Batiactu sur les chiffres de l'Observatoire de l'emploi des entrepreneurs et livre son analyse sur les dispositions prises par les pouvoirs publics.

Les nouvelles mesures de l'assurance chômage vont entrer en vigueur ce 1er novembre 2019, deux ans après les ordonnances Travail ratifiées par le président de la République Emmanuel Macron. Si ces dispositions font déjà grincer des dents, il est une catégorie professionnelle qui se sent particulièrement lésée : les indépendants. Contacté par Batiactu, Anthony Streicher, le président de l'association GSC (mise en place notamment par le Medef, la Confédération des PME et l'Union des entreprises de proximité pour répondre aux besoins de protection des indépendants contre le chômage), revient sur les statistiques de l'Observatoire de l'emploi des entrepreneurs : "Hélas, les chiffres sont là et suffisamment importants pour qu'il soit temps qu'on s'en occupe. Les premières tendances montrent qu'on est plutôt sur une phase de stabilité, mais 2019 risque d'être au même niveau que 2018. Ce n'est donc pas encourageant. Le bâtiment représente à lui seul 25% des pertes d'emplois des entrepreneurs ; ces chiffres ne sont pas neutres mais ils sont compensés par le fait que le secteur est un fort pourvoyeur d'emplois et de valeur."

 

 

Le président de GSC déplore plus généralement que les entrepreneurs ne soient pas informés qu'ils bénéficient d'une aide à la perte d'emploi. Un manque d'information et de communication sur un sujet pourtant sensible, et d'autant plus dommageable quand on sait que 7 fois sur 10, les dirigeants informés parviennent à trouver une solution à leurs déboires. A l'inverse, 64% des chefs d'entreprises ne sont pas informés des dispositifs qui existent. "On se bat avec nos petits bras pour mobiliser l'écosystème afin que les entrepreneurs accèdent à l'information", assure Anthony Streicher. "C'est comme si, en fin de compte, nous n'existions pas. Il y a un déficit d'actions collégiales dans l'information prodiguée aux artisans-commerçants."

 

Une allocation forfaitaire jugée trop faible et pas universelle

 

 

Malgré cela, les professionnels du secteur approuvent que le Gouvernement se soit (enfin) emparé du dossier de l'assurance chômage des indépendants : "Ce qu'il faut saluer, c'est quand même que c'est la première fois en 40 ans qu'un président de la République met le sujet sur la table ! La première force de création de valeur et d'emploi en France n'a pas de protection contre la perte d'emploi." Avec les nouvelles mesures entrant en vigueur ce 1er novembre, les indépendants peuvent désormais prétendre à une allocation forfaitaire de 800 euros par mois pendant 6 mois en cas de liquidation judiciaire. "La réponse est parcellaire. Ce n'est qu'un début, un premier pas", estime toutefois le président de l'association. "On ne demande pas à mettre en place un régime obligatoire, mais à adopter un devoir d'information obligatoire" pour l'ensemble des acteurs publics, en lien avec les chefs d'entreprises. Le secteur regrette que l'allocation de 800 € ne soit pas universelle ; en sont effectivement exemptés les mandataires sociaux et les cessations d'activité sous contrainte économique. La faiblesse du montant est également pointée du doigt, au vu des prises de risques et des endettements réalisés par les entrepreneurs. "Il y a beaucoup de clauses de restriction, d'exclusion. La montagne a accouché d'une micro-souris."

 

Le principal reproche au système actuel, l'absence d'interlocuteur dédié à l'entrepreneuriat, ne concerne cependant que partiellement le secteur du bâtiment : "La Capeb, l'U2P en parlent à leurs adhérents, mais il faut aussi que les Chambres des métiers de l'artisanat et que les experts-comptables en parlent. Nous, nous sommes à disposition pour en parler avec les pouvoirs publics", affirme Anthony Streicher. Affaire à suivre.

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