Le MEDEF a haussé le ton alors qu'a démarré la négociation sur l'assurance-chômage, qui doit définir les nouvelles règles d'indemnisation des demandeurs d'emploi pour les 3 ans à venir. Fini le consensus établi lors de l'état des lieux de la mi-janvier, cette fois, la hache de guerre est déterrée. Détails.

François Hollande l'avait asséné à l'occasion de sa conférence de presse du 14 janvier dernier : "Ce n'est pas à un moment de chômage élevé qu'il faut réduire les droits des chômeurs". Une déclaration qui sonnait comme un avertissement à tous ceux qui voulaient réduire ou modifier les allocations des demandeurs d'emploi… Le Medef semblait avoir compris le message et était même devenu plus conciliant suite aux annonces du Pacte de responsabilité quelques jours plus tard. Le patronat avait ainsi reculé quant à un éventuel retour de la dégressivité des allocations…

 

Mais à la veille du début des négociations, ce jeudi 13 février, le Medef a dévoilé des propositions plutôt étonnantes et détonantes, révélées par le quotidien Les Echos. L'organisation patronale révèle vouloir moduler les droits à allocation en fonction du taux de chômage, supprimer le régime des intermittents et des intérimaires, de faire payer les contractuels de la fonction publique, ou encore d'inciter au retour à l'emploi en simplifiant le régime d'activité réduite. Elle propose également un autre dispositif que celui prévu dans l'accord de janvier 2013 relatif aux droits rechargeables.

 

Modifier le "1 jour indemnisé pour 1 jour cotisé"
"Afin de mieux sécuriser les personnes dans les périodes de chômage, [le Medef juge nécessaire] de faire varier les droits et la durée d'indemnisation en fonction du niveau du chômage". En résumé : plus le niveau de chômage est élevé, plus les droits le seraient. Elle souhaite donc faire évoluer la règle actuelle qui est "un jour cotisé, un jour indemnisé", qui deviendrait 1.2 jour indemnisé pour 1 jour cotisé quand le taux de chômage dépasse les 12%, 0.8 jour indemnisé pour 1 jour cotisé quand le taux est inférieur à 9%... De même les durées d'affiliation et d'indemnisation seraient soumises à la même logique. Ce à quoi le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a rétorqué, au micro d'Europe 1 : "Ce n'est pas en période de chômage qu'on va dégrader les indemnités", reprochant également au Medef de jouer au "casse-cou".

 

Remise en cause des droits rechargeables
Quant aux droits rechargeables, qui permettraient aux salariés de cumuler leurs droits au chômage, l'organisation de Pierre Gattaz souhaiterait davantage un système où le chômeur écoulerait d'abord ses droits originaux, octroyés lors de son inscription à Pôle Emploi, puis lorsqu'il arrive au bout, ceux-ci pourraient être rechargés, selon des périodes travaillées entre temps, et selon la règle "un jour indemnisé pour un jour cotisé".

 

Autant dire que les négociations s'annoncent plus qu'houleuses, les syndicats ayant déjà vivement réagi. Le négociateur de la CGT, Eric Aubin, a même déchiré, de façon théâtrale, le document du Medef devant les caméras de la télévision…

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