Le réseau fluvial français résonne comme «un territoire d’expérimentation à part entière» pour qui s’intéresse à l’architecture. Fleuves, rivières et canaux sont autant d’opportunités de développer des projets originaux, inspirés par le fort pouvoir attractif de l’eau. L’exposition «Rives Créatives» en a sélectionné quelques-uns, à découvrir à la Cité de l’architecture. Visite

Villes et villages se sont construits le long des fleuves et rivières, c’est un secret pour personne. Aujourd’hui autant qu’hier, les voies d’eau françaises dictent une conduite architecturale riche et à la pointe de la technique. Ponts, passerelles et écluses donnent lieu à des créations aux contraintes spécifiques et font du réseau fluvial «un territoire d’expérimentation à part entière».

«La cabine d’écluse devient un véritable sujet d’architecture, le tunnel un support d’intervention plastique et la passerelle un merveilleux exercice sur le thème du parcours et du lien», écrit Francis Rambert, directeur de l’Institut français d’architecture et commissaire de l’exposition. Rives Créatives revient en images et en maquettes sur des projets récents conduits «au fil de l’eau», avec pour maître d’ouvrage Voies navigables de France (VNF), l’organisme responsables des voies navigables.

Ecluses, carrefours des voies navigables
Autour de ces voies d’eau s’élèvent des projets développés par des architectes de renom tels que Jakob & MacFarlane, Rudy Ricciotti, Odile Decq et Benoît Cornette ou encore Didier Fiuza-Faustino qui doit revisiter l’écluse de Saint-Symphorien (Côte d’Or) marquant le débouché sur la Saône du canal du Rhône au Rhin. Carrefours des voies navigables, les écluses sont le champ d’une expérience nouvelle pour des artistes et architectes fascinés par l’eau comme voie de transport et de transition.

L’exposition retrace en une vingtaine d’exemples concrets les dernières réalisations menées par VNF. Objets de concours, certaines ne verront jamais le jour. D’autres sont en cours de construction, un peu partout en France où passe l’eau, drainant la vie avec elle. Des projets aspirant à s’inscrire dans la continuité de grands bâtisseurs comme Riquet, Perronet ou Le Corbusier mais qui proposent aussi nombres d’innovations.

Concevoir de nouvelles façons de vivre sur l’eau
A Pouilly en Auxois (21), le Japonais Shigeru Ban signe la halle du toueur et le musée de la Batellerie. Au dessus de l’ancien toueur – le premier remorqueur électrique – il a construit une «nef en carton», à la peau à la fois délicate et résistante, posée au bord du canal de Bourgogne. A Strasbourg (67) et Maisons-Alfort (94), le français Marc Mimram laisse deux passerelles aux allures élancées, aériennes. Les frères Bouroullec, designers reconnus, ont participé à la construction d’une maison flottante et "furtive" à Chatou (78). D’une superficie de 110 m2, celle-ci accueille des artistes en résidence.

Une grande partie de l’exposition est consacrée aux opérations «Dock 1» et «Dock 2» à Lyon de rénovation du Quai Rambaud au confluent du Rhône et de la Saône. Datant des années 1920, cette zone portuaire de huit hectares est développée par VNF et a pour atout la nature exceptionnelle du site et le voisinage futur de grands équipements tels que le pôle de loisirs de Jean-Paul Viguier ou l’Hôtel de Région de Christian de Portzamparc. Et les commissaires de l’expo de conclure que «là encore, artistes et architectes sont invités à concevoir de nouvelles façons de vivre sur le fleuve pour accueillir des activités commerciales et culturelles».

Cliquez ici pour des vues 3D des projets présentés à l’exposition.

Rives Créatives : art et architecture au fil de l’eau
Cité de l’Architecture, place du Trocadéro
Du 27 février au 4 mai 2008
www.citechaillot.fr

A ne pas rater : les panoramiques de Martin Kasimir
Les photographies panoramiques de Martin Kasimir, visibles au sein de l’exposition, sont des sortes de courts-métrages cinématographiques pour lesquels l’artiste utilise une technologie sophistiquée, la caméra «Roundshot», qui augmente le temps de prise de vue (jusqu’à 20 minutes par tour). La caméra tourne sur elle-même et balaie le champ de vision à 360°. Il en ressort des photos larges et terriblement esthétiques, fascinantes et déstabilisantes à la fois, des voies d’eau françaises.

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