CONGRES DE L'UNSFA. L'ancien Premier ministre est intervenu au Congrès des architectes qui se tient cette année dans sa ville, Le Havre.

C'est au Havre que se tient le 52e Congrès des architectes, organisé par l'Unsfa. Le principal syndicat de la profession a naturellement convié le maire de la ville portuaire, et ancien Premier ministre, Édouard Philippe, à s'exprimer. Celui-ci est revenu sur l'histoire architecturale de sa ville, entièrement rasée puis reconstruite, et du changement d'image de cette architecture si particulière, rejetée à l'origine, et devenue, au fil du temps, "facteur d'attractivité". Pour l'avenir, il assume la volonté de stopper l'étalement en densifiant, et en construisant en hauteur.

 

"Nos villes ont été façonnées par la rencontre entre les volontés d'un maire et d'un architecte", raconte l'ancien Premier ministre. C'est particulièrement le cas du Havre, qui a été reconstruite, dans les années 1950, sous l'égide d'un architecte, Auguste Perret, pour qui "le béton était la pierre du 20e siècle". Ce spécialiste du béton armé a donné son "caractère architectural exceptionnel" à la ville du Havre, basé sur le béton nu, l'absence d'ornement, et la "trame 6,24", qui donne leur singularité aux 150 hectares du centre-ville reconstruit par son équipe.

 

"Progressivement, le regard a changé"

 

Les havrais ont longtemps été "déroutés" par cette architecture exceptionnelle, explique le maire, "dont ils avaient le sentiment qu'elle leur avait été imposée". A tel point que "les rues ont parfois deux noms, celui d'avant et celui d'après" la Reconstruction. Puis, "progressivement, le regard a changé sur l'architecture de la ville, son urbanisme, les mentalités ont évolué. On s'est rendu compte que notre identité avait quelque chose d'exceptionnel".

 

Le Havre, c'est aussi le gigantisme, explique Édouard Philippe, au-delà du classicisme structurel d'Auguste Perret. De grands monuments et des espaces immenses composent la ville, "y compris dans le centre". Sans compter, bien sûr, le port industriel, qui s'étend sur 25 km et dans lequel plusieurs porte-conteneurs de 200 mètres de long s'engouffrent et ressortent chaque jour.

 

"Nous sommes en train de devenir une ville touristique"

 

"L'ADN du Havre, c'est d'être une ville portuaire et industrielle. Mais grâce au patrimoine de la Reconstruction, nous sommes en train de devenir une ville touristique", assure le maire. "Il y a 20 ans, lorsqu'on disait qu'on pouvait faire du Havre une ville touristique, les gens souriaient. Aujourd'hui, nous accueillons plus d'un million de visiteurs l'été". "C'est une réussite partagée entre équipes politiques, urbanistes, architectes".

 

Chef d'orchestre, c'est un rôle qu'on donne souvent aux architectes. "C'est aussi le rôle du maire", estime Édouard Philippe, celui d'"animer un ensemble d'hommes et de femmes pour créer une œuvre commune". Ces deux personnages sont "complémentaires", pour "réussir une ville".

 

"Le Zan a des effets sur le métier d'architectes, mais aussi sur celui de maire"

 

La condition, pour "réussir une ville", c'est, pour le tandem maire-architecte, de "concevoir des lieux vivables". C'est ce qu'il s'attache à faire, affirme-t-il, en renforçant, avec l'agence Fortier, l'interface ville-port. Il "assume" par ailleurs la volonté de "reconstruire la ville sur le port et sur la ville, de cesser cet étalement presque infini".

 

"Le Zan a des effets sur le métier d'archi, mais aussi celui de maires. Cela nous impose de densifier", ce qu'au Havre, "nous assumons", assure-t-il. "Densifier c'est une des conditions indispensables pour éviter l'étalement, qui représente des coûts environnementaux et économiques considérables". C'est un débat "compliqué" qui l'attend dans la perspective de l'élaboration du PLUI, avoue l'ancien Premier ministre. Dans sa ville, il assume, encore une fois, de densifier, donc de "monter". Deux tours sont en cours de construction dans le centre, pour lesquelles "aucun des permis n'a été contesté", s'enorgueillit-il.

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