L'abandon du projet de 3ème aéroport parisien à Chaulnes (Somme) a remis en lice l'aéroport Saint-Exupéry de Lyon, qui vient d'annoncer près de 400 millions d'euros d'investissements sur quatre ans, sous le regard inquiet des riverains.

"C'est de la démesure. L'aéroport de Lyon veut à tout prix jouer dans la même cour que Paris", a déclaré à l'AFP Evelyne Lavezzari, présidente de l'Association contre l'extension et les nuisances de l'aéroport (Acenas).

"Nous n'affichons surtout pas l'ambition d'être le troisième aéroport parisien, mais plutôt celle de devenir la seconde plate-forme aéroportuaire de France", rétorque Bernard Chaffange, directeur des aéroports de Lyon.

Dans cette optique, Lyon-Saint-Exupéry se fixe l'objectif de 7,7 millions de passagers à l'horizon 2006, contre 6,1 millions en 2001. L'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle a accueilli 48 millions de passager en 2001 et celui d'Orly 23 millions. Bordeaux-Mérignac, aéroport international représentatif des grandes villes françaises, a reçu un peu plus de 3 millions de passagers la même année.

L'aéroport consacrera une grande partie de ses investissements à des installations à l'est de son site, avec notamment 20.000 m2 supplémentaires de bâtiments pour les terminaux et la construction d'une jetée pour l'accès aux avions.

Une extension à l'ouest est également envisagée avec l'acquisition de 950 hectares "disponibles" s'ajoutant au 1.250 hectares exploités par l'aéroport, a ajouté M. Chaffange, certain de la construction d'une troisième et quatrième piste.

Quatre-vingt millions d'euros seront par ailleurs consacrés au projet immobilier dit de "la Cité", qui doit voir le jour en 2005 avec la construction d'un hôtel de luxe de 248 chambres, d'un centre d'affaires et d'un parking souterrain sur 7 niveaux de 1.960 places, face au terminal 1, selon la même source.
Outre une ligne TGV qui passe déjà à proximité de l'aéroport, un tramway express reliera le centre de Lyon à l'aéroport Saint-Exupéry en 2006.

"Ces projets pharaoniques illustrent parfaitement la logique frénétique de développement de Saint-Exupéry que nous combattons", a encore déclaré Mme Lavezarri. "Nous réclamons un débat public", a ajouté la présidente de l'Acenas, qui rassemble près de 5.000 adhérents depuis sa création en 1996.

Selon elle, les riverains suivent de très près chaque projet de l'aéroport, car ils craignent d'être situés en zones de bruit, dont l'urbanisation est déterminée par un plan d'exposition au bruit (PEB) datant de 1977 et élargi en octobre 2000.

"Des propriétaires ont vu chuter le prix de leurs terrains en apprenant qu'ils étaient en zones de bruit", a précisé Mme Lavezzari.

Des riverains redoutent de ne plus pouvoir modifier ou agrandir leur logement avec le nouveau PEB. Il interdit la construction d'habitations favorisant l'augmentation de population. Pourtant, durant près de 25 ans, plus d'une centaine d'habitations ont été bâties dans des zones inconstructibles autour de l'aéroport.

"Le PEB n'était pas transcrit sur les plans d'occupation des sols (POS) et les vérifications des permis de construire étaient insuffisantes", a encore indiqué M. Payet. Aujourd'hui, 22 communes sont concernées par le PEB contre 13 en 2000 et de facto par le développement de leur bruyant voisin, l'aéroport Saint-Exupéry.

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