INQUIÉTUDE. Les pouvoirs publics proposent de supprimer plusieurs offres dites "coup de pouce", financées par les certificats d'économie d'énergie (CEE), à brève échéance. De quoi déclencher la colère de plusieurs acteurs de la rénovation énergétique.

"Catastrophique", "dévastateur" : les mots manquent à Édouard Barthès, président de l'organisation Symbiote, pour critiquer les projets de textes gouvernementaux concernant la cinquième période des certificats d'économie d'énergie (CEE). Actuellement en consultation, ils proposent notamment de supprimer mi-2021 les coups de pouce pour l'isolation des planchers et des combles, le remplacement des chaudières gaz et des convecteurs électriques. Autre mesure qui inquiète les acteurs de Symbiote (qui revendique 150 adhérents représentant l'ensemble de la chaîne d'acteurs des CEE) : la limitation des bonifications à hauteur de 25% de l'objectif total du dispositif. Un ratio qui atteignait, d'après son président, 40% en 2020.

 

Les acteurs craignent un "coup d'arrêt brutal"

 

Ces mesures, si elles étaient bien appliquées, constitueraient un "coup d'arrêt brutal" et imminent pour ces différentes activités, avec à la clé un risque social pesant sur près de 10.000 emplois directs et 40.000 emplois indirects. "Que fera-t-on, en septembre prochain, des milliers de salariés qui travaillaient dans ces domaines, auprès d'acteurs qui y avaient adapté leur modèle économique ? Nous nous exposons aujourd'hui à voir s'effondrer une filière qui allait pourtant transiter vers la rénovation globale", s'indigne Édouard Barthès. L'inquiétude est la même du côté du syndicat national de l'isolation (SNI). "Nous avons le sentiment que l'État renie ses engagements", explique Alain Blaclard, président de la commission soufflage du SNI, à Batiactu. Le coup de pouce isolation était en effet censé s'appliquer jusqu'au 31 décembre 2021, date correspondant à la fin de la quatrième période. Le SNI ne s'opposerait pas à la fin du coup de pouce tel qu'il existe, mais militerait plutôt pour atteindre des "équilibres plus subtils", dans le respect de l'échéance initialement prévue.

 

 

Symbiote propose également de reporter à décembre 2021 la fin de ces coups de pouce, de manière à laisser davantage de temps aux acteurs pour se retourner, recruter et former des personnes à d'autres types de travaux. Les pouvoirs publics laissaient entendre depuis plusieurs mois qu'ils envisageaient de mettre fin aux offres à un euro, trop génératrices de fraudes. Point sur lequel Édouard Barthès se dit en accord. Mais il regrette qu'au moment même où un renforcement de l'obtention du label RGE entre en vigueur, l'État décide de couper les vannes. "On ne peut pas dire aux entreprises qui ont fait tant d'efforts que tout se termine dans cinq mois", estime-t-il.

 

Pour la Capeb, il faut maintenir la date du 31 décembre 2021

 

"La Capeb s'inquiète de la nouvelle dose de complexité qu'apportent les projets de textes", nous explique Jean-Claude Rancurel, président de l'Una couverture-plomberie-chauffage au sein de l'organisation professionnelle. "Nous souhaitons que les changements éventuels soient harmonisés au 1er janvier 2022, de manière à ce que nos entreprises aient le temps d'assimiler les nouveautés", ajoute-t-il.

"Trouver les moyens d'une transition plus douce"

 

La fin des coups de pouce aurait également des conséquences sur les ménages, notamment les plus modestes, ne disposant pas d'assez de fonds pour financer des restes à charge. "C'est pourquoi nous proposons de baisser les bonifications, et de non pas les supprimer ; ce qui aurait également le mérite de laisser travailler les acteurs sérieux, en dégageant une marge à peine raisonnable", recommande le président de Symbiote. L'organisation en appelle ainsi à une "concertation" pour trouver les moyens d'une transition "en douceur, avec intelligence et méthode".

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