POLITIQUE. Promu par l'ancien marie battu, dénoncé par son opposant victorieux aux municipales, le projet de tour Emblème, au centre de Nancy, fait l'objet d'un contentieux judiciaire, qui a été relancé avec l'ouverture d'une enquête sur ses aspects financiers, qualifiés de "complexes" et impliquant la Région Grand Est.

Le parquet de Nancy a ouvert une enquête préliminaire sur le projet de construction de la future tour Emblème, dans laquelle la région Grand Est a déjà acquis des bureaux. Cette enquête fait suite à des signalements de la délégation lorraine d'Anticor et vise à "vérifier la régularité des aspects financiers de cette complexe opération immobilière", a déclaré à l'AFP François Perain, le procureur de la République. L''enquête a été confiée au SRPJ de Nancy.

 

Ce projet de tour, qui mêle des logements et des bureaux à proximité immédiate de la gare de Nancy, est porté par le groupe Nouvel Habitat, un promoteur local. L'ancien maire (radical) de Nancy, Laurent Hénard, qui portait le projet, a été battu, fin juin, par Mathieu Klein, candidat socialiste qui avait affiché son opposition au projet. Or, une mise à jour du permis de construire avait été déposée par le promoteur et signée par la mairie de Nancy le lendemain de la défaite de Laurent Hénart, et juste avant l'entrée en fonctions de Mathieu Klein, selon L'Est Républicain.

 

Promoteur et Ville jurent qu'ils iront "jusqu'au bout"

 

Ce permis de construire modificatif fait l'objet d'un contentieux entre la nouvelle équipe municipale et le porteur du projet. Les deux parties ont affirmé dans la presse locale leur souhait d'aller "jusqu'au bout", l'un pour que le projet ne voie pas le jour, l'autre pour que la tour soit construite.

 

La section d'Anticor en Meurthe-et-Moselle a effectué des signalements auprès des autorités locales sur ce projet, et notamment sur l'achat par la région Grand Est de 1.359 mètres carrés, quand le permis de construire initial n'en prévoit que 652. La mise à jour du permis de construire, accordée juste avant la passation de pouvoir, visait à doubler la surface de bureaux pour la rendre conforme à la surface acquise par la Région. Pour le promoteur, la mise à jour du permis de construire signée le 29 juin est un acte technique qui "ne peut être refusé", a-t-il indiqué à l'Est Républicain. La nouvelle municipalité s'est, elle, félicitée, le 11 novembre, de l'ouverture de l'enquête.

 

Payer des bureaux "qui n'existent que sur le papier [...] 40% au-dessus du marché"

 

L'administrateur départemental d'Anticor a affirmé à l'AFP que la région a déjà versé "2,2 millions d'euros pour ces bureaux qui n'existent que sur papier, et les paie plus de 40% au-dessus du prix du marché, alors même qu'il existe plein de locaux vides dans la région de Nancy". La collectivité territoriale aurait acheté ces bureaux pour 3,9 millions d'euros hors taxe, alors que le bien est estimé par les Domaines à 2,2 millions d'euros, explique Anticor.

 

De son côté, la région Grand Est fustige, toujours dans l'Est Républcain, une estimation "déconnectée de la réalité du marché dans le quartier" et explique que cette acquisition doit permettre "l'installation pérenne" de la "maison de la Région" à Nancy. Selon elle, ce projet permettra de "réduire ses dépenses locatives de fonctionnement d'environ 4 millions d'euros sur 20 ans". Elle souligne que les agents de la région travaillant à Nancy sont actuellement répartis dans "trois espaces distincts de bureaux". Elle estime par ailleurs que le prix d'acquisition, à 2.700 euros le mètres carré, est "conforme aux prix du marché", et précise qu'il a été diminué de 5% au cours de négociations avec le promoteur.

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