A Moussey, la cité ouvrière de l'usine de chaussures Bata, les locataires se mobilisent désormais pour leurs logements, après leur combat - perdu - contre les licenciements, jugeant prohibitifs les prix proposés pour le rachat d'habitations vétustes.

"Lorsque j'ai reçu la lettre du notaire (chargé des ventes des logements, ndlr), j'ai immédiatement percuté : on ne peut pas nous proposer de tels prix, il y en a encore plein qui vont se retrouver aux pâquerettes", martèle Bernard Pernot, qui a fait partie des 526 licenciés de chez Bata en décembre 2001, après 31 ans de maison.

Aujourd'hui à la tête de la mobilisation pour les logements, M. Pernot a reçu fin septembre, comme les autres locataires des 150 logements de Bataville, une lettre d'un notaire messin, mandaté par l'administrateur judiciaire de Bata, leur expliquant qu'il était "chargé de la vente des biens immobiliers (qu'ils occupent) en qualité de locataire", pour un prix moyen de 686,02 euros le m2, moins 30% pour la vétusté.

La lettre cite en exemple un appartement de 60 m2 qui reviendrait à l'achat à 25.152,84 euros. Les ventes "ne pourront avoir lieu que si je recueille un minimum de 80% de propositions", précise toutefois le notaire qui demandait une réponse avant le 30 septembre.

Les locataires, qui n'ont "pas trouvé la lettre à (leur) goût", se basent sur une étude réalisée en juin par le Centre d'aides au logement de Moselle (CALM), à la demande de la préfecture, pour revendiquer notamment un coefficient de vétusté de 75 à 100%.

A l'initiative de M. Pernot et avec l'appui des mairies concernées (communes de Réchicourt-le-Château et Moussey), un planning de réunions de locataires "par catégorie" de logement a été fixé entre le 9 et le 17 octobre. L'objectif est que chaque locataire fasse à l'administrateur une proposition tenant compte d'un coefficient de vétusté plus important.

Sollicité à plusieurs reprises, l'administrateur judiciaire à l'origine des lettres n'était pas joignable. La préfecture, pour sa part, a précisé que des discussions sur le dossier étaient en cours mercredi entre l'administrateur et les représentants de l'Etat.

Selon l'étude du CALM, qui a répertorié et classé les logements par catégories, les réparations à effectuer sur les habitations s'échelonnent de 20.397 euros à 44.541 euros. "Dans certains cas, il faut débourser autant en réparations qu'en prix d'achat", assure Bernard Pernot.

Un autre locataire, Patrick Grandhomme, énumère la liste des réparations à envisager dans certains logements qui datent des années 1950 et 1960 : "toitures à 0% d'isolement et plafonds percés, électricité pas au norme avec des tubes en plomb, canalisation d'eau en plomb, radiateurs d'époque avec des fuites, etc."

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