Il est désormais possible de faire un revêtement de terrasse en lames composites comprenant du chêne 100 % recyclé et du polymère également issu du recyclage de bouteilles de lait. Le matériau, éco-conçu, permet de valoriser des déchets et d'initier une économie circulaire qui préserve les ressources. Explications avec Michel Regairaz de la société UPM.

Le papetier industriel UPM a souhaité ajouter de la valeur à la biomasse forestière qu'il gère. En poursuivant une idée d'écoconception intégrant les différents impacts environnementaux, l'entreprise a choisi de considérer ses déchets comme des nouvelles ressources pouvant servir à créer cette valeur ajoutée. "En ajoutant du polypropylène à du bois recyclé et en extrudant le tout, nous obtenons ainsi des lames utilisables pour un revêtement de terrasse", explique Michel Regairaz, le directeur des ventes Ouest Europe d'UPM. "Or le marché des composites polymère-bois est en croissance en Europe : il va passer de 240 M€ en 2010 à 400 voire plus de 600 M€ en 2015", prévient-il.

 

Car, au quotidien, le matériau composite offre plusieurs avantages. Il ne nécessite que très peu d'entretien, possède une bonne résistance aux chocs et aux taches mais présente un aspect et une chaleur propre aux produits bois, avec un veinage particulier. Le produit ProFi "Lifecycle" se compose de 95 % de matières recyclées : 50 % de fibres de chêne recyclées (palettes, déconstruction, ameublement) sont encapsulées dans un polymère haute densité (45 %), lui aussi issu du recyclage (bouteilles de lait ou de détergents, sacs plastique, films d'emballage alimentaire et de conditionnement). Aucun arbre n'est donc abattu et les plastiques connaissent une seconde vie, au lieu de devenir de vulgaires déchets. Et les matériaux sont préalablement triés et nettoyés dans un centre de recyclage avant d'entrer dans le procédé de fabrication. "De plus, les produits Lifecycle obéissent à la nouvelle réglementation sur le bois entrée en vigueur le 1er mars dernier, qui interdit l'utilisation de bois non légaux eu Europe, et leur entrée dans l'espace européen", précise Michel Regairaz.

 

Réduction des émissions de CO2
Les produits, garantis 25 ans, sont très stables et ne prennent pas l'humidité, permettant une utilisation en contact direct avec le sol et des possibilités d'immersion totale (pour des pontons soumis à des phénomènes de marées par exemple). "La surface du produit est 'fermée', ce qui constitue une protection contre les taches et les huiles. Et la finition en relief lui donne des capacités antidérapantes grâce à son adhérence, que la surface soit sèche ou humide", poursuit le directeur des ventes. Ecologiquement, outre le fait que 95 % de ces lames sont recyclées et qu'il n'y a que 5 % d'apports (additifs), l'utilisation de bois permet de réduire les émissions de CO2 puisque ce matériau renferme du gaz carbonique captif, de l'ordre de plusieurs kilogrammes par m², mais les lames seraient elles-mêmes recyclables, permettant de poursuivre le cycle des transformations !

 

Notons que la production de ces lames recyclées est réalisée aux Etats-Unis dans une unité de l'Arkansas. UPM, qui importe la production, estime que si le marché européen répondait favorablement à cette innovation, distribuée depuis des années outre-Atlantique, il pourrait envisager d'implanter une usine de tri-recyclage et production sur le Vieux continent.

 

UPM ProFi Lifecycle en chiffres :
122.500 tonnes de déchets recyclées au lieu de partir en décharge ;
1,5 GW/an d'énergie économisée par rapport à la production d'un composite issu de matières vierges ;
3,8 millions de litres de pétrole économisés par an, soit la consommation de 54.000 véhicules.

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