BREVETS. Le Bureau des brevets européens (EPO) a révélé son classement 2017 des secteurs qui innovent le plus et le monde du BTP n'apparaît que très loin, bien après les sciences de la vie ou les technologies de l'information. Seules quelques entreprises françaises du secteur sauvent l'honneur. Découvrez lesquelles.

L'ingénierie civile est le secteur qui recouvre les activités de la construction et du BTP dans la classification du Bureau européen des brevets (EPO), l'organe qui centralise toutes les demandes de propriété intellectuelles au niveau de l'Union. Et ce secteur semble être le parent pauvre de toute la R&D, malgré un chiffre d'affaires de plusieurs centaines de milliards d'euros à l'échelle du continent. Il n'apparaît pas dans le top 10 des technologies en pointe, contrairement au secteur médical (1er avec 13.000 demandes de brevets en 2017 sur 165.600 dossiers en tout), les communications digitales (11.700) ou les technologies liées aux ordinateurs (11.200). Une situation qui se retrouve au niveau du top 10 européen des entreprises dépositaires de demandes, très largement dominé par les acteurs de la téléphonie : Huawei arrive pour la première fois en tête dans l'UE (avec 2.400 demandes) devant Siemens (2.200), LG et Samsung (environ 2.000 chacun).

 

 

Mais où se cachent donc les entreprises du BTP ? Il faut descendre à la 62e place du classement pour découvrir un champion français : Saint-Gobain, qui a déposé 321 demandes en 2017. Au niveau national, le groupe spécialisé dans les matériaux de construction, est sixième, derrière l'équipementier automobile Valeo (770), le Commissariat à l'Energie Atomique (544), Technicolor (509), le laboratoire pharmaceutique Sanofi (393) et le motoriste d'aviation Safran (364). Autre acteur d'envergure à apparaître dans les statistiques françaises de l'EPO, Schneider Electric, qui a déposé 120 demandes l'an passé, ce qui le place en 20e position. Il devance Imerys, le spécialiste de la terre cuite (24e), qui a déposé 73 dossiers en 2017, ainsi que Nexans, un leader de l'industrie du câble (46 demandes, 26e).

 

Saint-Gobain, le saint-patron de la R&D

 

 

La France se classe ainsi au 4e rang des nations avec 10.600 demandes, et au 2e rang des pays européens, puisque les Etats-Unis (42.300) et le Japon (21.700) encadrent l'Allemagne (25.500). Pour l'Hexagone, il apparait que le secteur le plus dynamique est celui des transports (1.044), grâce à la présence de trois constructeurs automobiles d'envergure et de deux gros avionneurs, avec tout l'écosystème d'équipementiers et de sous-traitants adapté. Le monde de l'électrique arrive en second (698) devant le médical et les ordinateurs. La fameuse "ingénierie civile" ne pointe qu'au 12e rang avec 335 demandes (dont les 321 de Saint-Gobain), en régression de 11 % par rapport à 2016. Les demandes de brevets de Schneider Electric sont versées en partie (57,5 %) dans le classement du secteur électrique. Au niveau européen, pour ces équipements liés à l'électricité justement, c'est le néerlandais Philips Lighting qui domine largement (429 demandes).

 

Ces chiffres du Bureau européen des brevets, confirment ceux de l'Inpi français et d'autres indicateurs internationaux, comme l'enquête Clarivate Analytics. Cette dernière plaçait la France au 3e rang mondial derrière les Etats-Unis et le Japon, mais devant l'Allemagne. Et le document mentionnait déjà la prééminence du CEA et de Saint-Gobain, groupe qui s'affirme donc bien comme le champion français de l'innovation dans les matériaux.

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