Deux maisons individuelles jumelles situées dans l'Oise ont reçu le label "Passivhaus". Délivré pour la première fois en France avec l'aval du Passivhaus Institut de Darmstadt en Allemagne, il certifie qu'elles atteignent les objectifs énergétiques du standard passif.

Son arrivée avait été annoncée depuis plusieurs mois comme "imminente". Cette fois, c'est officiel : le label allemand Passivhaus est désormais appliqué en France. La Maison Passive France, association œuvrant pour le développement de l'habitat passif, vient de recevoir l'agrément du Passivhaus Institut pour le délivrer. Déjà attribué à 1.500 constructions en Allemagne, il atteste que les habitations remplissent bien les critères du standard passif européen. A savoir : des besoins en chauffage inférieurs à 15 kWh/m2/an, une consommation en énergie primaire inférieure à 120 kWh/m2/an et une excellente étanchéité à l'air (n50 ≤ 0,6 h-1). "Le label est un moyen fiable pour les maîtres d'ouvrages de savoir si la construction réalisée est bien, comme annoncé, une construction à très basse consommation", commente Etienne Vekemans, président de l'association La Maison Passive France. Richard Lefèvre, le constructeur à qui vient d'être décerné le premier label, peut donc être rassuré : ses maisons individuelles construites à Formerie dans l'Oise méritent bien l'appellation "passives".

 

Le "test de la porte"

 

S'entendre dire le contraire au bout de deux ans de démarches aurait été plutôt difficile à accepter. Comme toutes les labellisations, la "Passivhaus" est longue à obtenir. Elle se déroule en deux étapes, la première étant celle des calculs. Réalisés à partir des plans d'exécution de l'architecte, ils permettent d'estimer puis de vérifier les dépenses énergétiques du bâtiment. A Formerie, c'est un laboratoire de l'Ecole des Mines de Paris qui s'en est chargé grâce à un financement de l'ADEME et du Conseil régional de Picardie. Les résultats ayant été concluants, il a ensuite fallu procéder à un test d'infiltrométrie, baptisé "test de la porte" ou "Blower Door Test". "Le principe est simple, commente Etienne Vekemans. Il s'agit, une fois le chantier terminé, de mettre la maison sous pression afin de mesurer l'air qui s'en échappe". Concrètement, le dispositif consiste à fermer toutes les ouvertures, à boucher toutes les arrivées d'air et à remplacer la porte d'entrée par une porte dite "soufflante" c'est-à-dire équipée d'un ventilateur reproduisant à l'intérieur du bâtiment les conditions d'un "vent fort". Un test que les maisons de Richard Lefèvre, avec un résultat de 0,58 litre d'air par heure pour une norme de 0,6l/h, ont parfaitement réussi.

La conception : une étape "décisive"

Pour parvenir à un tel degré d'étanchéité, l'entrepreneur a enveloppé l'ensemble des maisons d'un frein vapeur, un film protecteur dernière génération. "Ces freins vapeurs sont de véritables barrières à l'eau mais surtout à l'air, indique-t-il. Ils permettent néanmoins la migration de la vapeur d'eau au travers des murs qui restent respirant pour une hygrométrie stable, gage d'un bien meilleur confort". Déjà très performant, le dispositif a été complété par l'installation de plaques en gypse et cellulose sur les murs extérieurs. Et, toujours pour supprimer les ponts thermiques, de l'adhésif a été ajouté au niveau des points sensibles de l'enveloppe : ouvertures, jonction entre les murs, canalisations... Mais, pour le constructeur, la réussite du projet tient surtout à sa "préparation minutieuse". Une manière indirecte de remercier son collaborateur, l'architecte Bruno Ridel. La conception, une étape également importante aux yeux d'Etienne Vekemans qui est d'accord pour dire qu'une "grande partie du projet repose sur l'élaboration du bâtiment". Un travail qui ne se voit pas - les maisons passives ressemblent en effet à toutes les autres - mais qui a permis au constructeur d'obtenir le label.

 

Pour découvrir les deux premières maisons labellisées "Passivhaus" en France, cliquez sur suivant.

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Construction fondations

Premières maisons Passivhaus - Les Airelles
Premières maisons Passivhaus - Les Airelles © Les Airelles
Les deux maisons labellisées, de 132 m2 habitables chacune, sont situées à Formerie dans l'Oise.

Ossature bois

Premières maisons Passivhaus - Les Airelles
Premières maisons Passivhaus - Les Airelles © Les Airelles
Mise en place de l'ossature bois. "Il s'agit d'un système à colombage où le torchis a été remplacé par un isolant plus performant", commente Richard Lefèvre, le constructeur.

Ossature bois

Premières maisons Passivhaus - Les Airelles
Premières maisons Passivhaus - Les Airelles © Les Airelles

Structure

Premières maisons Passivhaus - Les Airelles
Premières maisons Passivhaus - Les Airelles © Les Airelles
Afin d'assurer l'étanchéité du bâtiment, une attention particulière a été portée à l'intégration des fenêtres dans l'ossature ainsi qu'à la jointure entre les murs.

1er étage

Premières maisons Passivhaus - Les Airelles
Premières maisons Passivhaus - Les Airelles © Les Airelles
L'ossature bois se monte niveau après niveau. Ici, le premier étage commence à prendre forme.

Murs extérieurs

Premières maisons Passivhaus - Les Airelles
Premières maisons Passivhaus - Les Airelles © Les Airelles
Le squelette de la maison est presque entièrement monté. Les murs extérieurs commencent à être revêtus de plaques de gypse et de cellulose "à la fois rigides, résistantes aux lourdes charges et à l'humidité".

Toiture 1/2

Premières maisons Passivhaus - Les Airelles
Premières maisons Passivhaus - Les Airelles © Les Airelles
La toiture est installée en dernier.

Toiture 2/2

Premières maisons Passivhaus - Les Airelles
Premières maisons Passivhaus - Les Airelles © Les Airelles

Ecologiquement correctes

Premières maisons Passivhaus - Les Airelles
Premières maisons Passivhaus - Les Airelles © Les Airelles
Les maisons, conçues par le constructeur Les Airelles, sont équipées d'une VMC, d'un puits canadien et de capteurs solaires thermiques.

Extérieur

Premières maisons Passivhaus - Les Airelles
Premières maisons Passivhaus - Les Airelles © Les Airelles
Depuis l'extérieur, impossible de deviner que les maisons sont passives.

Intérieur

Premières maisons Passivhaus - Les Airelles
Premières maisons Passivhaus - Les Airelles © Les Airelles
Le rez-de-chaussée des maisons accueille un grand séjour, une cuisine et un bureau. Le premier étage abrite quant à lui une salle de bains, un salon et trois chambres.