Particules fines, composés organiques volatils, Formaldéhydes… sont autant de termes se rapportant à la qualité de l'air intérieur des bâtiments. Un véritable enjeu de santé publique, notamment pour les crèches et les écoles. Cependant, selon Uniclima, syndicat des industries thermiques, la réglementation, fortement axée sur la performance énergétique, n'irait pas assez loin en la matière. Explications.

"Le besoin vital pour un être humain, c'est de respirer, et pourtant peu s'en préoccupe, car il est difficile de rendre visible l'invisible comme les particules fines", explique Arnaud Paque, Président du comité stratégique Filtration et Epuration chez Uniclima, syndicat des Industries Thermiques, Aérauliques et Frigorifiques. Et d'ajouter : "La pollution est un ennemi insidieux, notamment à l'intérieur des bâtiments. Les formaldéhydes, présents dans les vernis et peintures, peuvent provoquer des irritations du nez, des yeux, des fatigues etc, et la pollution moléculaire peut entraîner des anémies, etc".

 

Un tableau pessimiste sur lequel plusieurs acteurs n'hésitent pas à alerter les pouvoirs publics pour en faire un enjeu majeur. D'ailleurs, lors du 4e colloque Les Défis Bâtiment Santé, qui a eu lieu le 22 mai dernier à la Cité des Sciences et de l'Industrie de Paris, le sujet a été au cœur des débats. "Tous les bâtiments neufs ou anciens sont concernés par ce thème", nous confiait à cette occasion Suzanne Déoux, présidente de l'Association Bâtiment Santé Plus. D'ailleurs, dans les bâtiments neufs, que l'on croit exonérés de certaines pollutions, on a eu des surprises. Les pollutions provenaient notamment des produits d'entretien et du mobilier utilisés, qui avaient un gros impact sur la présence de polluants dans l'air. Les écoles maternelles sont beaucoup plus exposées au problème de la qualité de l'air intérieur car les enfants y font plus de travaux manuels que dans les autres établissements". Néanmoins, La surveillance de la qualité de l'air intérieur va devenir obligatoire dans certains lieux clos ouverts au public (loi portant engagement national pour l'environnement - article 180). Le décret 2011-1728 du 2 décembre 2011 relatif à la surveillance de la qualité de l'air intérieur dans certains établissements recevant du public prévoit que la mise en œuvre de cette surveillance : pour les établissements d'accueil collectif d'enfants de moins de six ans (9.000 environ) et les écoles maternelles (17.000 environ), elle doit être effective avant le 1er janvier 2015. Sur cette échéance à tenir une véritable inquiétude est en train de naître. "Un troisième décret devrait sortir fin mai, comprenant quelques assouplissements. Je pense à un éventuel report de l'échéance prévue…", soulignait Suzanne Déoux.

 

Améliorer le contenu de la RT 2012
Des carences et un manque de volonté pointés du doigt par les professionnels de la filière épuration et filtration, surtout dans le tertiaire. Parmi les freins évoqués, ils citent la réglementation thermique 2012 : "Elle se concentre principalement sur les économies d'énergie, et ce, au détriment de la qualité de l'air. La réglementation reste floue et inadaptée", relève Arnaud Paque. "Il faut l'améliorer dans son contenu car elle reste insuffisante en termes de protection", renchérit Jean-Paul Ouin, délégué général d'Uniclima. Et de compléter : "C'est un sujet qu'il faut évoquer en amont, car c'est davantage un problème de santé, la réglementation thermique trouvera ensuite les solutions".

 

Sensibilisant à l'utilisation de filtres de haute qualité (type F7) dans les centrales de traitement de l'air, le secteur espère voir une amélioration en ce sens, et notamment dans les bureaux et les équipements publics, grâce à des exigences plus pointues et une généralisation de ce type de filtre. "Nous savons que la pression est très forte sur l'énergie et que le prix de maintenance est lié à une forte pression économique des coûts, mais nous disposons de solutions pour être efficace et économiser de l'énergie", indique le Président du comité stratégique Filtration et Epuration chez Uniclima. Réclamant une accélération de la prise de conscience du sujet, la profession préconise également une attention particulière sur le suivi et la maintenance.

 

Pas de doute, le sujet commence donc à mobiliser et devrait continuer à faire parler de lui. D'autant plus que la pollution de l'air intérieur a un coût. Le ministère de la Santé avance entre 10 et 40 milliards d'euros, dont 1 milliard pour le seul remboursement des médicaments anti-asthmatiques. De quoi faire réfléchir…

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