La Grande-Bretagne n'est pas la seule puissance mondiale à convoiter les ressources géothermiques islandaises : la Chine, elle aussi, a manifesté son intérêt grandissant. Une façon pour Pékin d'obtenir une tête de pont dans la région arctique, extrêmement riche en réserves énergétiques (pétrole, gaz naturel) que l'Empire du milieu souhaite exploiter à son profit.

Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, effectue du 20 au 27 avril 2012, une visite en Europe du Nord qui doit l'emmener en Islande, Suède, Pologne et Allemagne. Chaque étape de ce périple marque en fait un intérêt particulier pour Pékin, notamment aux niveaux énergétique et commercial.

 

L'Islande, exsangue en 2008 et qui commence à se relever, est la première destination du leader chinois. Et ce n'est pas tout à fait un hasard. Tout d'abord, l'île a été le premier pays d'Europe occidentale à reconnaître le statut de l'économie de marché de la Chine et à s'engager dans des négociations sur la zone de libre-échange. Wen Jiabao et son homologue islandaise signeront des accords économiques et commerciaux, notamment des projets d'investissements, mais surtout des contrats concernant l'exploitation de la géothermie. Par ailleurs, l'Islande est un des membres permanents du Conseil de l'Arctique, forum intergouvernemental de coopération qui regroupe les pays du pourtour de l'océan glacial arctique : Canada, Etats-Unis, Russie, Finlande, Suède, Danemark (Groenland), Norvège et Islande.

 

Or, pour la Chine, qui devrait consommer 3 milliards de tonnes d'équivalent pétrole à l'horizon de 2015 (chiffre de l'AIE), soit plus du cinquième de la consommation mondiale, l'Arctique et ses ressources naturelles encore inexploitées est un Eldorado en puissance. Les réserves pétrolières y sont estimées à 90 milliards de barils et à 30 % des ressources de gaz encore non découvertes dans le monde, selon des géologues américains. Pékin, qui estime que la zone internationale est un domaine public, souhaite donc préparer son exploitation. Ce que les autres membres du Conseil voient d'un mauvais œil, Canada, Norvège et Russie en tête.

 

Une opportune fonte de la calotte polaire
Pékin pousse donc Reykjavik à accepter ses investissements en lui promettant de devenir sa porte d'entrée maritime vers l'Europe, si le recul de la calotte des glaces polaires le permet. L'ouverture d'une nouvelle route maritime du Nord-Est, évitant les détroits de Suez ou de Panama ou le cap de Bonne Espérance, mettrait Shanghai plus près des rivages de la CEE.

 

Comme pour enfoncer le clou, la deuxième étape du marathon européen de Wen Jiabao s'avère être Stockholm, autre membre permanent du Conseil arctique. La Suède, 8e partenaire commercial de la Chine, devrait également bénéficier d'un renforcement de ses échanges, notamment au niveau de l'énergie et de la protection de l'environnement. Une façon d'obtenir un second soutien régional. Enfin, outre l'Allemagne, le Premier ministre chinois visitera également la Pologne, le plus grand et plus important pays d'Europe centrale, et donc un important marché émergent. Selon Pékin, le pays disposerait d'une valeur potentielle énorme, liée à sa position géographique avantageuse, à sa main d'œuvre qualifiée et à sa demande en matière de construction d'infrastructure. Là encore, la Chine souhaite jouer un rôle et poussera ses pions en avant.

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